Le sujet du jour va certainement donner lieu à des débats enflammés ! Par expérience, je sais que quand on parle d’adaptations de livres, que ce soit au cinéma ou en série, les avis sont toujours très partagés. Les lecteurs ont toujours une idée bien arrêtée sur la question, et chacun choisit son camp selon sa propre façon de « vivre » la lecture. Pourtant, je remarque que les partis pris ont aussi leurs exceptions. Il y a des œuvres qui touchent chacun de façon différente, et aussi beaucoup de films et séries dont la plupart des gens ignorent qu’il s’agit en fait d’adaptations. Du coup, ça vaut bien d’y réfléchir posément. Qu’est-ce qui est le mieux : lire un roman avant ou après avoir vu son adaptation ?
Lire un livre avant de voir son adaptation
Pendant très longtemps, j’ai fait partie de ce camp. Je détestais voir un film ou une série avant d’avoir vu le film. J’étais une puriste et fière de l’être. Pour moi, l’adaptation orientait trop la lecture, ça réduisait mon expérience de lectrice. Je ne voulais pas prendre le risque de commencer une lecture en ayant déjà des images stéréotypées dans la tête. Surtout qu’il arrive fréquemment que les adaptations n’arrivent pas ou ne veulent pas capter toutes les nuances d’un livre. Si vous avez lu Avant toi et que vous avez vu le film, il faut bien admettre que c’est un massacre flagrant. Toutes les nuances et plusieurs sujets sensibles sont évacués de l’adaptation. Il faut croire que ça ne faisait pas assez rêver, et il vaut mieux une histoire d’amour lisse et vendeuse plutôt que d’offrir de la complexité au public !
D’autres fois, les adaptations doivent se conformer à des formats bien précis. Les films et les séries coupent donc beaucoup d’éléments et simplifient les intrigues. Heureusement pour les fans du Seigneur des Anneaux, ce n’était pas trop le cas avec la trilogie de Peter Jackson (même si il manque la grande histoire d’amour entre Eowin et Faramir, dommage). En revanche, les fans de Harry Potter en sont pour leurs frais. Des pans entiers de l’histoire ont été oubliés en chemin à mesure que les romans devenaient plus complexes et que les films avaient du mal à suivre. Le pire : l’adaptation du Prisonnier d’Azkaban fait l’impasse sur l’histoire des Maraudeurs et n’explique donc pas le mystère de la carte secrète.
Lire le livre après l’adaptation
Il y a une dizaine d’années, mes certitudes en matière d’adaptation ont volé en éclats. Tout ça à cause de Christopher Nolan et de son excellente adaptation du roman de Christopher Priest, Le Prestige. J’ai vu le film en ne sachant pas qu’il était tiré d’un roman (oui, parfois on se fait quand même piéger), et ce fut une claque. J’ai adoré le film, et découvrant qu’il était adapté d’un livre, j’ai donc décidé de lire l’œuvre de Priest. Seconde claque ! Tout simplement parce qu’il s’est avéré que l’adaptation n’était que partielle. Il y a plusieurs arcs narratifs dans le roman, et Christopher Nolan a décidé de n’en adapter qu’un seul. Du coup, c’est assez paradoxal parce que l’adaptation est vraiment très différente du film, mais en même temps elle respecte totalement l’état d’esprit de l’histoire. En plus, on peut voir le film avant de lire le roman, et quand même avoir des surprises et le sentiment de découverte gardé intact.
Cette expérience m’a vraiment fait repenser mes priorités en tant que lectrice fan de films. Et au fil des années, d’autres exemples sont venus nourrir ce sentiment. Par exemple, j’ai vu la série de la BBC adaptée de Guerre et Paix avant de me lancer dans la lecture. Et pour la première fois de ma vie, j’étais bien contente d’avoir la série comme support visuel pour m’aider à bien replacer tous les personnages. Non seulement la série m’a servi de motivation pour enfin lire le livre, mais en plus elle m’a offert un appui, un peu comme les petites roues quand on apprend à faire du vélo. J’ai pu me reposer sur cette pré-connaissance de l’histoire et des personnages pour trouver le courage de me lancer. J’avais l’impression réconfortante que je partais avec quelques outils pour découvrir l’histoire. Je me suis sentie moins intimidée et moins démunie face à ce classique imposant.
Refuser les cases
Alors suis-je devenue le genre de personnes qui adore lire des livres après avoir vu leur adaptation ? Non. En fait, je me rends compte désormais qu’on n’est pas obligé de rentrer dans une case pour se sentir en sécurité vis-à-vis de la lecture. Qu’on aime lire le livre avant ou après avoir vu l’adaptation, c’est vraiment une question de ressenti personnel. En toute objectivité, les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients. Il n’y a donc pas de recette miracle pour aborder une œuvre adaptée au cinéma ou à la télévision.
Il y a encore des livres que je veux vraiment lire avant de voir leur adaptation. C’est le cas pour Le cercle des amateurs d’épluchures de patates. Je précise que je n’ai toujours pas vu le film parce que je veux lire le roman en premier… et malheureusement il stagne depuis trois ans sur ma table de nuit ! Mais j’y crois : je vais bientôt le lire, promis !
Embrasser la curiosité
Ce que je voudrais souligner, c’est surtout que peu importe le sens dans lequel on prend le problème de l’adaptation. Ce qui compte au final, c’est que les adaptations font vivre les livres autrement. Souvent, elles permettent à un public plus large de découvrir des histoires excellentes. Les adaptations permettent de faire découvrir des romans et des auteurs méconnus. Elles peuvent aussi parfois dédramatiser le rapport à la lecture. Car après tout, si une histoire vous plait, on s’en moque de savoir sur quel support vous lavez découvert. Mais si vous détestez lire, et que subitement vous vous rendez compte que les livres peuvent être un formidable support de divertissement, alors là vous avez une chance de vous diriger vers la lecture.
Certains films ont permis de faire découvrir les livres d’origine à un très large public. Ce fut le cas avec Forrest Gump, Le Seigneur des Anneaux, La Planète des singes… C’est vrai aussi pour les séries. Je suis tellement ravie de constater l’engouement autour de La Servante écarlate, ou encore le regain d’intérêt pour les aventures d’Arsène Lupin ! Par leur simplicité, les adaptations ont justement le pouvoir de fédérer, là où les livres semblent parfois inaccessibles pour certains publics.
Pour résumer, et pour paraphraser Alfred de Musset : qu’importe le support de l’histoire pourvu qu’on ait le plaisir !
Je suis toujours partagée vis-à-vis des adaptations. D’un côté, je déteste voir le film après le livre, parce que j’ai toujours le problème du » Ca a pas été adapté comme je l’aurais voulu » et de l’autre côté, j’ai l’impression de perdre mon temps si je lis un livre dont je connais déjà l’histoire… Bref, je ne m’en sortirai jamais je crois !
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Ah c’est un dilemme en effet !! J’ai l’impression que ça dépend aussi des livres. Ceux qu’on aime énormément, on est plus tatillons en ce qui concerne leur adaptation. Pour ceux qu’on n’a pas forcément beaucoup aimé, l’adaptation peut être l’occasion de découvrir le point de vue de quelqu’un d’autre. Mais au bout du compte, ça reste un ressenti tellement personnel !
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Ça dépend, si j’ai vu le film avant, sans savoir que c’était un livre avant. Sinon je préfère toujours le livre.
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Oui c’est vrai qu’on ne repère pas toujours les adaptations !
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Je t’avouerais que je fais les deux ! Par exemple avec Bridgerton, j’ai voulu lire la saga avant de voir la série, et c’est ce que j’ai fait. Et un exemple contraire récent, Emma de Jane Austen. Je n’ai jamais accroché à ce roman, et la dernière adaptation m’a permise de voir l’histoire différemment. J’ai donc relu le roman, et en effet cette fois il m’a plu. Je me suis réconcilier avec lui grâce à l’adaptation ! Après il est vrai qu’on peut avoir des déconvenues. J’ai par exemple aimé la première saison de Outlander, et pas du tout le livre. Je me suis ennuyée pendant ma lecture. On peut toujours être surpris !
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Je suis comme toi, je n’avais pas aimé lire Emma, mais j’ai adoré l’adaptation et ça m’a donné envie de relier le livre pour voir si mon regard avait changé. Je ne l’ai pas encore relu, mais c’est en projet.
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Je ne suis pas hyper tranchée non plus. Il a des livres dont je ne veux pas voir l’adaptation tout de suite parce que j’ai d’abord eu envie de lire le roman, c’est une envie qui date souvent d’avant la sortie du film ou de la série comme par exemple pour L’homme qui rit de Victor Hugo (le film m’attire par son atmosphère, mais je veux lire le livre d’abord (et puis, le film a bientôt dix ans, il peut attendre encore un peu maintenant)).
Par contre, sans parler des fois où je ne suis pas au courant qu’il existe un livre avant de commencer le visionnage, il y a des œuvres pour lesquelles ça m’est égal, généralement parce que je n’ai pas une énorme envie de lire les bouquins mais que l’adaptation m’intéresse malgré tout.
Et puis, je trouve que les adaptations peuvent être très intéressantes aussi comme tu le soulignes très bien. En plus de faire découvrir des romans et de divertir tout simplement !
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Je ne l’avais pas précisé dans l’article, mais tu as raison : il y a aussi des livres pour lesquels je m’en fiche un peu de voir le film avant de lire le roman. Je sais que les livres existent mais je n’avais pas nécessairement envie de les lire. C’est statut quo en quelque sorte.
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Personnellement, je ne dirais pas qu’il s’agisse de regarder ou non l’adaptation avant la lecture de l’œuvre, mais plutôt de savoir/pouvoir séparer ces deux supports bien distincts pour leurs enjeux comme tu le soulignes.
C’est la chose que je n’arrive absolument pas à faire et qui me gâche souvent ma vision d’une adaptation, peu importe le format. Je ne peux pas m’empêcher de comparer les deux œuvres alors que chacun peu parfois détenir de très bons éléments et devenir finalement complémentaire. Un film ou une série ne peut apporter tous les éléments d’un roman mais peut parfois offrir une touche plus personnelle et crédible à ce dernier. Preuve en est avec Les Filles du Dr March que j’ai adoré alors qu’elle s’éloigne parfois du roman mais tout en étant fidèle à l’auteure et à son message.
Tout ça pour dire que malgré tout, j’aime découvrir l’ouvrage original avant de tenter une quelconque adaptation mais j’ai parfois eu de bonnes surprises comme, par exemple, Sublimes Créatures. Je n’ai pas spécialement accroché au film mais il m’a permis de découvrir la saga littéraire 😉
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Je te rejoins sur tout ce que tu dis. Les supports ne sont pas les mêmes. On pourrait presque dire qu’une bonne adaptation est plus là pour donner son point de vue sur le livre que pour juste « mettre en image » ce livre. J’avais adoré le film Orgueil et Préjugés alors qu’objectivement il s’éloigne beaucoup du roman. Et surtout, il met en scène une esthétique plus dans le genre des soeurs Brontë que Jane Austen. Mais ça fonctionne bien pour moi parce que je vois où le réalisateur veut en venir dans son propos.
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C’est une exellente question à laquelle je ne trouve pas de réponse…je prefère lire le livre et me faire mon avis sur l’adaptation ciné après. Et dès fois un film me permets de découvrir un roman (Forrest Gump ) par exemple ou Shinning… et les adaptations des cinéastes peuvent être tellement différentes du roman qu’ils en deviennent des oeuvres à part entières. Dès fois aussi j’ai tellement aimé un livre que je ne veux absolument pas regarder son adaptation à l’ecran comme La promesse de L’aube de Romain Gary. Bel article en tout cas!
-Tay
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Personnellement, je ne prévoie pas si je regarde un film avant ou après, tout simplement car je n’en regarde pas tant que ça. Je fais donc comme cela vient. Il est vrai qu’en général, les livres ne sont pas vraiment fidèles à l’œuvre. Je pense que la clé est tout simplement de dissocier les deux mais pour des univers de fantasy, cela est plus compliqué. Par exemple, je trouve qu »il faut lire les « Harry Potter » pour se représenter le monde et faire travailler son imagination. Mais par exemple, je préfère regarder d’abord « Le Seigneur des Anneaux » qui possède des descriptions plus lourdes et un univers plus compliqué : bien que les films diffèrent des livres, ils nous permettent d’avoir un univers de base, sur lequel se référencer et laisser porter notre imagination.
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En tout cas, si la possibilité se présente, le meilleur selon moi est de lire le livre et voir le film, afin d’avoir une opinion précis sur l’oeuvre et de tout pouvoir se représenter !
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Je vois tout à fait ce que tu veux dire avec Le Seigneur des anneaux. J’ai vécu la même chose avec Guerre et Paix : l’adaptation m’a servi de tremplin pour découvrir les livres et m’aider à m’y retrouver. Ensuite, c’est mon imaginaire personnel qui a pris le relais, mais au début ça aide d’avoir en quelque sort un guide visuel pour démarrer.
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Ca dépend tellement ! Parfois, voir un film me donne envie de lire le livre dont il est tiré, d’autres fois, lire un livre me donne envie de voir son adaptation. Il arrive bien sûr que lire l’un ou regarder l’autre me suffise. En tout cas, Alfred de Musset a totalement raison 😉
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C’est vrai qu’en fait il n’y a pas de règle générale, que des cas particuliers !
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Pour moi, je n’ai jamais eu de problème de ce niveau, que ce soit de lire un livre avant de voir le film ou la série ou de voir l’adaptation avant le livre. Mon cerveau réussit à faire la scission entre les deux, de me permettre de constater les oeuvres dans leurs globalités. Ensuite, je me fais un opinion si j’ai mieux aimé le livre ou l’adaptation( et il ne faut pas oublier que parfois, ce sont des films ou des séries qui sont mis en livres…) ou bien aimé les deux. Comme exemple, je viens de terminer la lecture de L’ange des ténèbres de Caleb Carr, qui est la suite de L’aliéniste( très bon soit en passant), tout deux adaptés sur Netflix et que nous venons d’écouter ma conjointe et moi. Et bien, l’adaptation est très bonne mais aussi très différente du livre, deux facettes d’une même histoire vu par l’écrivain original écrit en 1997 et l’adaptation télévisuelle fait en 2020 et on peut voir une évolution importante du style narratif et scénaristique choisit par les producteurs pour se démarquer et moderniser l’oeuvre, ce qui j’avoue à été bénéfique à cette série et m’a permis apprécier le tout.
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Merci pour ce commentaire. C’est très vrai de dire qu’une adaptation peut offrir une approche enrichissante de l’oeuvre. Parfois, ça permet à une oeuvre déjà un peu datée de mieux faire sens ou de mieux correspondre aux goûts du public actuel.
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