Genre littéraire : Focus sur les cozy mysteries

Il y a tellement de sous-genres en matière de littérature policière qu’il faudrait une carte, une boussole et des fusées de détresse pour s’y repérer ! Moi qui adore lire des romans policiers, je remarque pourtant que je vagabonde le plus souvent dans une zone que j’adore : les cozy mysteries. A ma connaissance, il n’y a pas de traduction française. Du coup, ce n’est pas forcément facile d’en parler aux lecteurs qui ne connaissent pas encore. D’où mon idée du jour qui consiste à vous faire découvrir cette sous-catégorie littéraire, injustement méconnue en France.

  • Les Cozy Mysteries : c’est quoi au juste ?

Comme le nom l’indique clairement, les cozy mysteries sont des mystères dont la lecture évoque quelque chose de cozy. On s’y sent bien, c’est une lecture de délassement. Par opposition aux autres romans policiers, ceux-là ne cherchent pas trop à aller vers un trop grand réalisme. Exit les bains de sang, les descriptions détaillées des scènes de crime ou de violences. Aucune trace non plus de sexe, de drogue ou de rock n’ roll. Des cadavres oui, mais sans saletés, merci bien !

D’une certaine façon, on peut parler de « polar soft » parce que ces histoires policières ne versent jamais dans les émotions fortes. On est vraiment aux antipodes des thrillers qui vout font faire des cauchemars la nuit. Une prof de fac m’a dit un jour qu’on pouvait faire lire des cozy mysteries à sa grand-mère… et apparemment, c’est à ça qu’on les reconnaît !

  • D’où ça vient ? Depuis quand ça existe ?

Difficile d’effectuer une datation au carbone 14 en matière de littérature. Même si le genre reste peu connu en France (son appellation en tout cas), il faut savoir que des romans de type cozy mysteries sont en fait édités depuis très longtemps. A bien des égards, les intrigues de Sherlock Holmes et les romans d’Agatha Christie peuvent être considérés comme des cozy mysteries. Le terme est utilisé par les anglo-saxons depuis les années 1960, mais certains livres qui tombent dans cette catégorie ont été écrits avant cette décennie.

  • Comment débusquer un cozy mysterie ?

Avec le temps, la définition des cozy mysteries s’est faite plus précise. Ce sous-genre a pris son essor, et les particularités sont devenues plus flagrantes. En clair, il s’agit d’histoires policières qui ont pour point commun d’être menées par des amateurs (exit Sherlock Holmes et Hercule Poirot !). Dans la majeure partie des cas, il s’agit de femmes qui n’ont pas de lien particulier avec l’activité judiciaire. Par exemple, Miss Marple ou Agatha Raisin.

Ces détectives amateurs ont tendance à arriver premiers dans de malheureux concours de circonstances. Ils/elles se retrouvent mêlés à des meurtres et finissent par se lancer dans des enquêtes pour résoudre le mystère ou venir en aide à un ami. C’est un schéma récurrent.

Autre point commun : les cozy mysteries se déroulent le plus souvent à la campagne. Ou en tout cas au coeur d’une petite communauté de personnes. Un petit village à la campagne où tous les habitants se connaissent : c’est devenu le cadre type pour ces intrigues. Il peut toutefois y avoir des exceptions notables : Rhys Bowen place sa série Son Altesse royale mène l’enquête en plein coeur de Londres.

Enfin, les cozy mysteries se démarquent aussi des autres romans policiers par leur humour. Je n’irais pas jusqu’à dire que ces livres sont des comédies, mais l’humour est vraiment un élément caractéristique qu’on retrouve très souvent. Ce sont des livres chaleureux, dans lesquels il fait bon vivre… Enfin, si on laisse de côté les cadavres !

  • Y a-t-il des cozy mysteries ailleurs qu’en Angleterre ?

Au départ, les cozy mysteries sont plutôt un sous-genre typique du paysage littéraire anglo-saxon. Les auteurs britanniques ont été les premiers à lancer le genre. Mais de nombreux auteurs américains les ont suivi, et petit à petit la catégorie a essaimé dans la littérature mondiale. Dans un prochain article, je vous présenterais une liste détaillée d’idées de lectures pour découvrir les cozy mysteries. Sachez quand même qu’on trouve des ambassadeurs des cozy mysteries ailleurs en Europe : Mario Giordano en Allemagne (avec la série de Mamie Poldi), Claude Izner (avec les enquêtes du libraire parisien Victor Legris) ou encore Jean-Pierre Alaux et Noël Balen (pour la série Le Sang de la vigne) en France.

Alors, est-ce que ça vous donne envie de découvrir les cozy mysteries ? Peut-être que vous en aviez déjà lu sans le savoir ?

45 réflexions sur “Genre littéraire : Focus sur les cozy mysteries

  1. bruno-legrand dit :

    Salut 🙂
    Article très intéressant, je ne connaissais pas du tout, là j’ai appris un truc intéressant !
    Je ne pense pas en avoir lu (je ne crois pas qu’on puissent mettre dans ce genre Mary Higgins Clark, ou Christian Grenier, ou Jean-Christophe Grangé).

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  2. Albane dit :

    Je suis très heureuse de découvrir ce genre littéraire. Je suis une fan inconditionnelle du polar dans tous ces genres mais je suis particulièrement attachée aux « cosy mysteries » (je ne savais pas qu’il y avait un nom pour ce genre de livre). Je m’essaie à l’écriture d’une histoire policière en reprenant les mêmes codes! Un grand merci pour cet article qui éclaire ma soirée!

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  3. olivier rebiere dit :

    Très sympa votre article 🙂 En lisant récemment un « polar » un peu plus calme, j’avais pensé à « soft polar » mais « cozy mystery » est donc le bon sous-genre.
    Il faudrait y trouver un pendant en français : alors « policier douillet » ? « polar tranquille » ? « mystère tranquille » ?
    Il faudrait lancer la « tempête du cerveau », non ?

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  4. csecq dit :

    Excellent article qui met le focus sur un genre qui mérite qu’on s’y intéresse ! Connaissez-vous la commissaire Bombardier ? Je suis l’auteure de cette série de polars tout sauf noirs et 100% française ! Si cela vous intéresse de la découvrir, contactez-moi par l’intermédiaire d’une de mes pages facebook, instagram ou twitter ou sur le site http://www.commissairebombardier.com.

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    • Alivreouvert dit :

      Absolument, elle parvient à écrire des romans policiers, et même certains qui ressemblent un peu à des thrillers comme Dix Petits Nègres, mais elle ne verse jamais dans le sensationnalisme. Elle n’a pas besoin de ça pour captiver ses lecteurs, et c’est certainement la raison pour laquelle plein de lecteurs différents peuvent lire et apprécier ses livres.

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  5. Collectif Polar : chronique de nuit dit :

    Parfaite définition du genre.
    Nadine Monfils la plus française des auteurs belges c’est elle aussi mise au Cosy mystery et avec beaucoup d’humour comme à son habitude. Elles vient de faire paraître Les folles enquêtes de Margritte et Georgette. Une série d’enquêtes inédites menées par le peintre René Magritte et sa femme, Georgette.
    Et toujours avec l’humour déjanté de l’auteur. Humour belge cette fois !

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  6. Pierre Alain dit :

    Jolie appellation. Très populaire à la télé américaine où de nombreuses séries sont basées sur des cozy mysteries telles que les séries :
    Aurora Teagarden mysteries (une bibliothécaire) de Charlaine Harris
    Hailey Dean mysteries (une ancienne avocate devenue conseillère matrimoniale et thérapeute) de Nancy Grace.
    Ces séries télé sont disponibles en français, je ne suis pas sûre que les livres le sont

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  7. Didier BERTRAND dit :

    Cela va peut-être sembler incroyable mais je viens de découvrir que mon thriller humoristique entre dans la catégorie des cosy mystery! J’ai une héroïne, enquêtrice amateur qui bataille pour ses droits, avec une bande de copines, et plein d’humour. Les codes correspondent. L’écriture est un phénomène étrange: je ne lis pas de cosy mystery (d’où ma découverte) et c’est pourtant ce qui est venu sous ma plume. Merci pour cette article qui m’éclaire.

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    • Alivreouvert dit :

      Avec plaisir ! Je pense que de toute façon, les auteurs n’ont pas à se demander à quel genre littéraire appartient leur histoire. C’est plus un truc pour aider les lecteurs à se repérer. Mais quand une histoire est bonne, ça m’importe peu de savoir si c’est un thriller classique, un cosy mystery ou autre chose. Vive les bonnes histoires !

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      • Didier BERTRAND dit :

        Il est utile pour les auteurs de connaître leur genre pour en connaître les codes (la règle du jeu, si je puis dire) et de savoir ainsi quand ils enfreignent les règles et pourquoi. C’est bien utile aussi pour trouver son lectorat, cibler son éditeur (ces derniers remplissent des catégories) et savoir communiquer. Mais nous sommes d’accord, tout cela vient après: une bonne histoire d’abord et avant tout !

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