Avec toutes mes sympathies, livre d’Olivia de Lamberterie

Dès le départ de la rentrée littéraire 2018, j’ai éprouvé une grande curiosité pour le livre d’Olivia de Lamberterie : Avec toutes mes sympathies. Pas parce qu’il s’agit d’un premier livre. Pas non plus parce qu’elle est l’une des chroniqueuses littéraires les plus célèbres en France. Mais tout bêtement à cause du sujet de son livre : le deuil. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’un sujet facile, et quand on parle à la première personne, sans le fard du roman, le texte se doit forcément d’être honnête, de dire les choses, d’exprimer la souffrance authentique qu’on éprouve quand on perd quelqu’un qu’on aime. Et, en même temps que j’éprouvais une curiosité très forte pour ce livre dont j’entendais le plus grand bien, je ressentais aussi une appréhension. Comment lire un livre qui risquait de faire (trop ?) écho en moi ? Deux mois après la sortie de ce livre, j’ai enfin trouvé le courage de le lire. Et maintenant je m’en veux terriblement de ne pas l’avoir lu dès le départ, d’avoir gâché tant de temps où j’aurais pu crier autour de moi pour dire tout simplement que c’est l’un des plus beaux livres que l’ai lu dans ma vie.

Le frère d’Olivia de Lamberterie, Alex, s’est suicidé en 2015. Un geste qui a plongé sa famille dans la douleur et qui a poussé la critique littéraire à passer de l’autre côté du livre. Le deuil l’a amené à l’écriture d’un livre qui n’aurait jamais dû exister : un livre en forme de portrait de son frère disparu. Mais plus qu’un portrait de l’absence, c’est surtout le témoignage de l’amour, de la tendresse et une tentative pour comprendre ce que représente le suicide dans une famille, quand les êtres cherchent à se soutenir et poursuivre leur vie.

Je pensais que ce livre allait me ramener à ma propre expérience du deuil, de la perte d’un être cher. Et d’une certaine façon, c’est ce qui s’est passé. Sauf que ça n’était pas triste. J’ai un peu pleuré en lisant, en repensant à certaines personnes qui me manquent, et aussi en m’associant au chagrin d’Olivia de Lamberterie, en pensant à son frère, une personne que je ne connaissais pas, dont j’ignorais tout, même le visage. Sauf que les larmes n’ont pas entraîné le chagrin ; plutôt une sorte de renaissance lumineuse.

Avec toutes mes sympathies se révèle être un livre sur la résilience. Sur notre capacité à survivre à tout, à nous remettre de tout. C’est surtout une célébration de l’amour. L’amour d’une sœur pour son frère, d’une famille pour l’un des siens. Olivia de Lamberterie met le doigt sur quelque chose d’essentiel dans le deuil : la nécessité de se souvenir de l’amour. Parce que l’amour ne s’arrête pas avec la mort. Et la mémoire de l’amour est une sorte de victoire qui fait barrage au chagrin, qui entrave le sentiment de perte pour nous permettre de continuer à vivre.

Si ce livre avait été un roman, la tentation de tomber dans le cliché aurait peut-être été présente. Mais il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction. Olivia de Lamberterie expose avec une tendresse et une souffrance également authentiques son expérience sur le chemin du deuil. Elle est parvenue à mettre des mots précis et pertinents sur un sentiment insondable. Pour moi, ça a été une expérience de lecture inouïe. Son livre m’a bouleversé comme peu de livres ont su le faire dans ma vie de lectrice. Il y a dans ses pages quelque chose d’essentiel à côté de quoi il ne faut pas passer.

9 réflexions sur “Avec toutes mes sympathies, livre d’Olivia de Lamberterie

  1. Zelda Zonk dit :

    Ton article est très beau. A la lecture du résumé du livre, cela a fait echo en moi (qu n’a pas connu un deuil douloureux à faire). Mais justement cela me retenait de le lire. Merci pour ton article, il m’a motivé.

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    • Alivreouvert dit :

      Tu as absolument raison : c’est un petit trésor. Maintenant que l’effervescence autour de la rentrée littéraire 2018 est bien retombée, j’espère que ce très beau livre poursuivra sa vie et trouvera un lectorat attentif. Il mérite d’être découvert par le plus grand nombre.

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