Box-office : la biographie du producteur le plus déjanté d’Hollywood

La biographie est vraiment une catégorie littéraire idéale pour faire le plein de surprises ! Et l’ouvrage que Charles Fleming a consacré à Don Simpson, l’un des producteurs les plus emblématiques du cinéma hollywoodien moderne. Avec son complice, Jerry Bruckheimer, les deux compères ont été responsables d’un nombre considérable de succès au box-office mondial : Flashdance, Top Gun, Le Flic de Beverly Hills, Jour de tonnerre, USS Alabama, Bad Boys, Esprits rebelles… Vous avez forcément vu au moins de ces films une fois dans votre vie. Mais au-delà de ces succès, Don Simpson a été l’un des artisans de l’avènement du nouvel Hollywood, celui des blockbusters, qui a forgé, dès le début des années 1980, un nouveau modèle économique et culturel. Pour couronner le tout, l’homme aux nombreux excès est mort brutalement en 1996, abandonnant Hollywood à son triste sort. Près de trente ans après sa mort, l’influence de ce producteur hors catégorie est encore bien présente dans le cinéma américain. Moi qui suis une passionnée de cinéma, je ne manquais pas de raisons pour me plonger dans le livre de Charles Fleming, Box-Office.

C’est un cliché comme Hollywood les aime tant : rien ne prédestinait Don Simpson, le gamin d’une banlieue pourrie de l’Alaska à devenir un jour l’un des hommes les plus puissants de Hollywood. Féru de grandes histoires plus que de cinéma, assoiffé d’argent plus que d’Oscars, Don Simpson vient à Hollywood pour conquérir la ville et devenir l’un de ses maîtres. Une sacrée ambition, mais c’est justement cette ambition, doublée d’un féroce esprit de compétition, qui va l’aider à se hisser en haut de la hiérarchie de la Paramount. Là, il élabore un concept novateur qui va faire date : le high concept. L’idée de base ? Plus une histoire est simple, exposée en trois actes clairs, avec des personnages tout de suite identifiables… plus le film a de chances d’être un hit au box-office. Et pour assurer le coup, il suffit de mettre de la musique cool à fond et de lancer une super campagne de promo à la sortie du film. Une recette simpliste qui va rapidement porter ses fruits. Mais pour faire les films qu’il veut, Simpson doit quitter la Paramount et voir plus grand. Il s’associe avec son ami, le très méthodique Jerry Bruckheimer, et ensemble ils deviennent le duo de producteurs le plus rentable d’Hollywood, capable de changer à eux seuls la marche du cinéma.

L’histoire que Charles Fleming raconte dans Box-Office, tous les grands amateurs de cinéma la connaissent plus ou moins. Après le choc des Dents de la mer qui devient le premier blockbuster de l’histoire du cinéma mondial, les années 1980 vont s’engouffrer dans une nouvelle ère : les films deviennent de plus en plus chers à faire mais ils gagnent de plus en plus d’argent. Ce faisant, Hollywood impose sur les écrans une vision simpliste du monde, très américano-centrée, avec toujours le même combo action/violence/sexe. De quoi faire pleurer tous les cinéphiles. Au-delà du nouveau modèle économique qui voit le jour dans la puissante industrie du cinéma américain (ce qui est déjà un sujet hyper intéressant), le livre démontre bien comment c’est le modèle culturel qui a été remis en cause, et comment on en est venu à l’ère des films d’action. Si vous aimez le cinéma, cet aspect du livre va véritablement vous passionner.

Là où Charles Fleming loupe le coche avec son livre, c’est sur le portrait de Don Simpson à proprement parler. Pour dire les choses clairement, l’homme était très déséquilibré malgré son talent de producteur : il surconsommait des drogues, de l’alcool et des prostituées… ce qui a entraîné sa mort prématurée par arrêt cardiaque. Je n’ai rien contre le fait de visiter les démons intérieurs d’un homme, mais dans le cas de ce livre, non seulement c’est très peu pertinent par rapport au point de départ (raconter le cinéma américain des années 1980), mais en plus l’auteur verse carrément dans le voyeurisme. Au fil de très longs passages, il nous livre toutes les informations glanées pendant son travail de recherche. Hollywood en prend pour son grade et on apprend les pires secrets possibles sur les personnes les plus célèbres de l’époque : Demi Moore, Charlie Sheen, Eddy Murphy… Certains passages sont carrément glauques et je soupçonne Charles Fleming d’avoir choisi d’écrire une biographie sur Don Simpson juste pour avoir une excuse afin de sortir tout le linge sale d’Hollywood.

Au final, cette biographie m’a laissé une impression très contrastée. Certains passages sont particulièrement captivants car ils apportent un éclairage très intéressant sur la naissance d’un nouvel idéal culturel. Mais d’autres passages m’ont franchement donné envie de jeter le livre contre le mur. En fait, ce livre m’a surtout donné envie de lire une biographie de Jerry Bruckheimer, l’autre partie du tandem. Beaucoup plus sobre que son extravagant complice, l’homme est encore très actif au cinéma et à la télé, et personne à Hollywood n’a un CV aussi impressionnant que le sien, avec autant de succès à la clé.

En bref, Box-Office est un ouvrage à réserver aux grands fans de cinéma. Ils ne seront pas déçus du voyage. Pour les autres, ça risque d’être dur de s’accrocher tout du long. Dommage, l’idée était bonne !

3 réflexions sur “Box-office : la biographie du producteur le plus déjanté d’Hollywood

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