Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de Neil Gaiman

Normalement, rien qu’avec ce titre, la curiosité doit déjà avoir eu raison de vous ! J’en sais quelque chose car c’est aussi à cause de ce titre que je suis tombée sur ce petit texte bourré d’optimisme et d’inspiration. En 2013, l’auteur britannique Neil Gaiman a été invité par la Reading Agency, à Londres, pour donner un discours en faveur de la lecture. Un sujet qui tenait forcément à cœur le romancier ! En guise de réponse à cette invitation, il a écrit un discours dont le titre était déjà à lui seul un plaidoyer pour la lecture et, tout aussi important, pour les bibliothèques : Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l’imagination. Joli programme et j’aurais aimé être dans la salle pour l’entendre de la voix même de l’auteur. Mais puisque malheureusement ça n’a pas été le cas, une formidable responsable des relations presse (un grand merci Anaïs) a réussi à me trouver une édition gratuite que l’éditeur français de Neil Gaiman, Au Diable Vauvert, avait publié pour l’occasion.

« Je vais vous parler de lecture. Je vais vous dire que les bibliothèques sont importantes. Je vais suggérer que lire de la fiction, lire pour le plaisir, est une des plus importantes activités à laquelle on puisse s’adonner. Je vais lancer un appel passionné pour que les gens comprennent ce que sont les bibliothèques et les bibliothécaires, et qu’il faut les préserver. Je suis de parti pris, de façon évidente et gigantesque : je suis auteur, souvent auteur de fiction. J’écris pour les enfants et les adultes. depuis une trentaine d’années, je gagne ma vie par mes mots, en majorité en inventant des choses et en les écrivant. Il est évidemment de mon intérêt que les gens lisent, qu’ils lisent de la fiction, que bibliothèques et bibliothécaires continuent à exister et aident à favoriser l’amour de la lecture et des lieux où la lecture peut se pratiquer. Donc, en tant qu’auteur, je suis partial. Mais je suis beaucoup plus partial en tant que lecteur […]

Nous avons obligation de soutenir les bibliothèques. D’utiliser les bibliothèques, d’encourager les autres à les utiliser, de manifester contre leur fermeture. Si vous n’attachez pas de prix aux bibliothèques, alors vous n’en attachez ni à l’information, ni à la culture, ni à la sagesse. Vous réduisez au silence les vois du passé et vous nuisez à l’avenir. »

La tentation pour moi serait de vous mettre tout le texte de ce discours en citation tant il est puissant, inspirant et il célèbre avec passion la lecture et le rôle central des bibliothèques. Je vous l’ai dit plus haut, j’ai découvert l’existence de ce texte complètement par hasard, mais je suis infiniment reconnaissante aux éditions du Diable Vauvert d’avoir eu cette bonne idée de traduire ce discours et de le rendre disponible au public français. Il est d’autant plus disponible à la lecture que j’ai découvert très récemment qu’il était disponible gratuitement en téléchargement sur Amazon via l’application Kindle. Alors surtout, allez-y lisez ce texte ! Et surtout merci au Diable Vauvert pour cette excellente idée.

Selon moi, la principale différence entre un roman et un discours, ce n’est pas que l’un est une œuvre de fiction alors que l’autre nous parle du réel. C’est qu’un roman peut être moyen alors qu’un discours ne souffre pas la médiocrité : il est soit très réussi soit raté, mais d’après mon expérience il n’y a jamais d’entre-deux. Et les discours réussis ont tendance à soulever les foules, à émouvoir profondément l’assistance, à demeurer comme une trace intime et impérissable dans le cœur des gens qui l’ont entendu. Ici, il s’agit d’un texte lu et pourtant je peux presque entendre la voix de Neil Gaiman. Il évoque avec beaucoup de sincérité son amour pour les livres, pour la lecture et sa conviction que la lecture est un exercice essentiel, pas seulement pour le développement intellectuel mais aussi pour la formation émotionnelle des individus. Une vérité qui sonne comme une évidence pour n’importe quel lecteur, mais il est pourtant rare que quelqu’un parvienne à trouver les mots justes pour verbaliser cette idée.

Outre sa défense acharnée de la lecture, Neil Gaiman évoque aussi avec beaucoup de ferveur la nécessité de défendre les bibliothèques. Ce ne sont pas des lieux poussiéreux dont les étagères croulent sous le poids des vieux livres qui n’intéressent plus personne. Ce sont au contraire des lieux très vivants où l’humain est au cœur du système. Les bibliothèques peuvent ouvrir des horizons aux personnes qui y viennent ; les bibliothécaires peuvent accompagner chacun, adulte ou enfant, sur le chemin de la lecture, de l’apprentissage, de la curiosité et donc de la compréhension du monde. Ce sont des lieux de transmission qui doivent être reconnus pour le rôle crucial qu’ils jouent dans nos sociétés actuelles.

J’ai été complètement éblouie par ce texte. Je connaissais vaguement Neil Gaiman mais je n’avais jamais rien lu de lui avant de découvrir sa Mythologie Viking. Ce petit discours a suffit à construire un pont entre lui et moi et je me sens véritablement très proche de lui dans le sens où j’adhère complètement à son point de vue sur la lecture et les bibliothèques. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut ainsi tisser un lien virtuel avec un auteur, entrer à ce point en communion autour d’une conviction mutuelle. Si vous en avez l’occasion, je vous engage vraiment à télécharger l’ebook gratuit de ce discours. Et dans la foulée rien ne vous empêche de plonger dans les formidables romans de l’auteur !

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