The handmaid’s tale : mon avis sur la nouvelle série Hulu

Depuis quelques temps, on peut dire que la culture féministe se fait entendre : dans les livres, sur les écrans, dans les magazines… Le débat en ce qui concerne la place de la femme et la représentation de la femme dans notre société n’a jamais eu autant d’ampleur. Dernier exemple en date : Hulu, la plateforme de téléchargement légal concurrente de Netflix, a décidé de se lancer dans la production d’une série adaptée du roman de Margaret Atwood, La Servante écarlate. Paru en 1985, The Handmaid’s tale (titre en VO) a tout de suite reçu un accueil très enthousiaste. Cette dystopie proposait d’interroger la société sur la place qu’elle ménage aux femmes en imaginant un monde dans lequel elles sont réduites à l’état de servitude. Une œuvre assez perturbante qui a permis d’ouvrir le débat. Et maintenant, trente ans après sa première parution, le livre connait une deuxième jeunesse grâce à la série Hulu. Alors, les séries sont-elles devenues la nouvelle place publique pour ouvrir des débats de société ? Ce qui est sûr, c’est que The Handmaid’s tale ne laissera personne indifférent et qu’elle mérite d’être vue.

En l’espace de quelques années, les Etats-Unis ont sombré dans un système dictatorial où la religion unique régit toute la société et où une nouvelle hiérarchie a été imposée. Dans ce monde qui ressemble au nôtre et se déroule dans un futur proche, les humains connaissent un fléau : l’infertilité. Pour résoudre le problème, le régime a mis en place un contrôle implacable des femmes. On leur a retiré leur liberté, le droit de travailler et le droit de disposer d’elles-mêmes. Les femmes qui ne sont pas fertiles sont réparties en castes utiles : les « Marthas » sont les bonnes à tout faire, les « Tantes » sont chargées de faire respecter le système, et quelques femmes privilégiées sont choisies pour être les épouses des dirigeants. Pour les femmes fertiles, une seule caste : les servantes. Maintenues en servitude, elles sont placées dans des maisons où elles doivent vivre avec un couple, c’est-à-dire être violées jusqu’à ce qu’elles tombent enceintes. Defred est la servante qui raconte son histoire. Dans sa vie d’avant, elle travaillait pour une maison d’édition. Elle était mariée et avait une petite fille. Mais le système lui a tout pris, jusqu’à son corps et son identité. Elle ne sait pas ce que sont devenus son mari et sa fille. Elle ne peut pas s’échapper. Mais elle se souvient de sa vie d’avant, et ses souvenirs l’aident à survivre à la vie qui lui est imposée. Le jour où elle peut établir un contact et devenir amie avec une autre servante, elle entrevoit enfin un espoir. Peut-être y’a-t-il finalement un moyen de résister et de se battre contre le système ?

J’ai commencé à regardé The Handmaid’s tale par curiosité, tout en me disant que l’histoire avait l’air très déprimante et que sûrement je n’irais pas jusqu’au bout de cette nouvelle série. Et puis il s’est passé quelque chose d’inattendu à la fin du premier épisode que j’ai regardé : j’ai senti monter en moi la colère. C’est difficile à expliquer, mais cette série a été pour moi comme un électrochoc, elle m’a révoltée et j’ai immédiatement eu envie de voir la suite. Parce que quand on la regarde, on ne peut pas rester insensible à ce qu’elle raconte et on bascule complètement.

Cette série est éminemment féministe car son propos sert à nous interpeller sur la place précaire qu’occupent les femmes dans notre société, même ici en Occident, où on peut se croire à l’abri. Cette série raconte l’histoire d’un combat perpétuel pour survivre et elle imagine un monde dans lequel les pires craintes des femmes se réalisent : une société patriarcale dans laquelle les femmes doivent être dociles et utiles mais où elles ne peuvent prétendre à aucun droit. Un monde qui fait terriblement écho au notre en fait. Car même aujourd’hui, il y a encore de sociétés dans lesquelles les femmes sont en danger, dans lesquelles on leur refuse les droits accordés aux hommes, et dans lesquelles leur vie, dès la naissance, est menacée.

Ce qui m’a le plus surpris dans cette série, outre la réaction viscérale qui a été la mienne au premier visionnage, c’est que la série n’a rien de spectaculaire. Elle se déroule dans un environnement très réaliste qui pourrait être chez nous. Et il n’y a pas de violence physique ; en tout cas elle n’est pas montrée, elle est suggérée. Contrairement à de nombreuses autres séries, il n’y a pas de sang, pas de cris ou de hurlements, et même dans les scènes de « reproduction » il n’y a pas de représentation graphique du sexe, pas de nudité. Le fait que tout se déroule dans le calme rend la violence faite aux femmes terriblement banale, et donc encore plus révoltante. J’étais devant ma télé et j’avais envie de hurler devant certaines scènes. C’est le tour de force de cette série : nous montrer que tout peut basculer et que l’horreur, malheureusement, prend souvent les attraits de la normalité.

Je ne vais pas me lancer dans une étude thématique de la série parce que je pense qu’il faut simplement la voir pour comprendre tout son intérêt. Elle est captivante car elle a un vrai propos qui fait réfléchir. Si vous ne l’avez pas encore regardé, je vous encourage vivement à le faire. Il n’y a rien de choquant dans la forme et elle ne fait pas peur. En revanche, elle risque de faire monter en vous de la colère. Bien sûr, nous vivons dans un monde où nous avons conscience des violences qui sont faites aux femmes. Mais le plus souvent, on parle des violences physiques, de ce qui se passe dans d’autres pays. On ne parle pas de la pression sociale, une autre forme de violence, plus pernicieuse celle-là, qui est infligée aux femmes dans notre société même. La pression de la perfection personnelle et professionnelle, d’être une bonne mère, d’être une femme épanouie, quelqu’un qui peut mener de front une carrière et une vie de famille, qui fait le ménage, les courses, et ne se plaint jamais. Une femme qui assume et qui est pourtant dans une position on ne peut plus vulnérable car elle ne peut pas se plaindre ou avouer sa faiblesse. A une femme, on ne pardonne rien. Cette série a le mérite de remettre les pendules à l’heure.

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