La Ville, roman d’Edward Carey

L’aventure littéraire d’Edward Carey en France a débuté en 2015, lorsque les éditions Grasset ont eu la bonne idée de publier le premier tome d’une trilogie OVNI baptisée Les Ferrailleurs. Déjà publiée dans son pays d’origine, la Grande-Bretagne, cette trilogie au genre non identifiée avait grandement impressionné la critique et les lecteurs par son originalité et l’usage très intéressant que l’auteur fait des illustrations (qu’il dessine d’ailleurs lui-même). A mi-chemin entre le steam-punk et le roman pour ados, cette trilogie des Ferrailleurs a été publiée en France au rythme d’un livre par an. Nous sommes en 2017, et après avoir eu la joie de lire Le Château et Le Faubourg, voici enfin venue l’heure de découvrir l’ultime tome de cette saga unique en son genre. Les éditions Grasset ont publié La Ville il y a déjà deux mois, mais mon calendrier de lecture surchargé n’a pas arrêté de repousser le moment de la lecture de ce merveilleux livre. Je quitte donc cette trilogie époustouflante avec le plaisir d’avoir fait une découverte littéraire majeure et le regret que l’histoire soit déjà finie. Mais pour vous, voici une séance de rattrapage !

Clod est plus que jamais plongé dans un désarroi profond. La demeure familiale des Ferrayor a été complètement détruite, et toute la famille a du se résoudre à quitter son faubourg pour venir se réfugier à Londres. Mais le plan du grand-père de Clod ne consiste pas à se cacher et à faire profil bas, bien au contraire : il compte lancer une bataille contre le siège du pouvoir, le Parlement britannique. Il est temps que le règne des Ferrayor commence ! Et pour que son plan fonctionne, il aura besoin des pouvoirs spectaculaires de Clod, capable de communiquer avec les objets et de les faire bouger comme il le souhaite. Maintenant qu’il est séparé de sa chère Lucy qu’il croit morte, Clod ne sait plus quoi faire, et il doit désormais choisir son camp. De son côté, Lucy, elle, n’a pas perdu espoir : elle cherche par tous les moyens à gagner Londres et à retrouver Clod pour le soustraire à l’influence néfaste de sa famille. Mais le danger rôde dans la ville : une nuit perpétuelle s’est abattue sur la ville ; les gens disparaissent, transformés en objets inanimés. Seul Clod pourrait mettre les ténèbres en déroute, mais voudra-t-il sauver la ville et ses habitants ?

Pour comprendre l’histoire de ce dernier tome, il est impératif d’avoir lu les deux premiers livres. Si vous vous lancez dans cette histoire seulement maintenant, vous n’arriverez jamais à comprendre de quoi Edward Carey vous parle, ce serait comme commencer la saga Harry Potter par le dernier tome ! Dès le premier livre, Le Château, Edward Carey a développé un imaginaire fabuleux dans lequel le lecteur se promène avec ravissement. L’idée de cette famille dont tous les membres ont des pouvoirs très étranges et vivent en respectant des règles particulièrement bizarres était très séduisante au début ; à l’arrivée, il s’avère qu’en plus d’une bonne idée, Edward Carey a été capable de développer une intrigue ambitieuse et véritablement prenante.

Dans ce monde aux accents de roman gothique, les sentiments et la chaleur humaine ont déserté la société des hommes. Et le plus grand danger qui soit est de se retrouver transformé en objet : une belle métaphore pour un monde où la vie semble effectivement reculer en permanence. Fort heureusement, tout n’est pas perdu grâce à la rébellion lancée par Clod et Lucy, les deux héros de cette aventure. Au fil des tomes, on les voit progresser, découvrir les mystères du monde dans lequel ils évoluent. Et plus on en apprend sur le monde des Ferrayor, plus on est fasciné par l’univers foisonnant et hyper original qu’Edward Carey a été capable d’inventer.

Son histoire est pleine de suspens, et cet ultime roman tient toutes ses promesses. A la manière d’un roman d’aventure, on a droit à de nombreux rebondissements. Tous les personnages qu’on a croisé dans les tomes précédents prennent place pour l’ultime bataille, et tout le monde n’en sortira pas indemne. Ce qui est frappant en lisant ce dernier livre, c’est que l’auteur a voulu augmenter l’intensité de son histoire. Alors que dans le premier livre, seuls Clod et Lucy racontaient leur histoire, les narrateurs sont désormais démultipliés… on croise même la reine Victoria comme narratrice d’une partie de l’histoire ! Ce foisonnement renforce le sentiment d’urgence qui se dégage de ce dernier livre haletant de bout en bout.

Si vous n’avez pas encore jeté un coup d’œil à la trilogie des Ferrailleurs, je vous conseille vivement de le faire. Edward Carey a signé là une trilogie de romans vraiment intéressante et originale. J’ai eu énormément de plaisir à lire ces trois livres, particulièrement ce dernier tome baptisé La Ville, et je suis un peu triste que l’aventure de Clod et de Lucy s’arrête déjà. J’ai hâte de savoir ce que cet auteur nous réserve à l’avenir et j’espère que les éditions Grasset prendront à nouveau ce pari fou de nous faire découvrir des romans à ce point atypiques.

Très belle lecture à tous !

11 réflexions sur “La Ville, roman d’Edward Carey

      • Alivreouvert dit :

        Je pense que si c’était sorti chez une maison d’édition davantage orientée jeunesse et Young adult (je pense à Nathan par exemple), le public aurait été plus attiré par cette trilogie. Alors que là, elle se retrouve paradoxalement un peu perdue dans le catalogue « sérieux » de Grasset et du coup on ne se rend pas forcément compte de l’aspect très ludique de l’histoire ni du fait que les livres s’adressent en fait à un très large public.

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      • oursebibliophile dit :

        C’est vrai que ce n’est pas sorti dans une collection ou dans une maison d’édition très orientée… Mais après, en librairies, il n’est pas perdu avec la littérature blanche (en tout cas, je l’ai toujours vu en jeunesse/YA), alors il aurait quand même pu trouver son public ! Personnellement, la couverture et le résumé m’attirent globalement davantage de l’éditeur.

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      • Alivreouvert dit :

        Oui mais pour les libraires, ça joue quand même beaucoup. Dans ma librairie de quartier, les livres étaient classés en adulte, ce qui à mon avis n’a pas favorisé leur découverte par un public très large. Et pour les fans qui suivent les sorties de YA, je pense que Grasset ne fait pas partie des maisons d’édition qu’ils surveillent. Idem au niveau de la presse spécialisée où finalement la trilogie a été assez peu relayée. Après, je suis d’accord avec toi que quand on a le livre en mains et qu’on lit le résumé, on voit tout de suite le potentiel. Mais il faut déjà que les lecteurs aient une chance de croiser le livre sur leur chemin !

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      • oursebibliophile dit :

        Après, je ne sais pas trop comment définir ça, mais il est quand même particulier ce livre. Je sais que j’avais essayé de le vendre à des gens, et j’avais du mal à les convaincre que oui, c’est trop bien.

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      • Alivreouvert dit :

        Très particulier en effet. On adhère ou pas au parti pris de départ. A mon avis il ne peut pas y avoir de juste milieu et ça peut faire peur à certains lecteurs. C’est dommage parce que ces livres sont supers !!

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