Les Filles du Nightingale, roman de Donna Douglas

les-filles-du-nightingaleLe roman de Donna Douglas, Les Filles du Nightingale, est ma dernière lecture de 2016. C’est un hasard du calendrier, je n’avais pas prévu que j’aurais le temps de lire pendant mes vacances. Et franchement, je n’aurais pas pu rêver mieux pour finir mon année de lecture en beauté ! J’avais peur que ce livre soit une sorte de pastiche de la série anglaise Call the midwife, mais heureusement ça n’a pas grand chose à voir. Ce roman présente plus d’originalité et surtout, c’est une vraie fresque qu’on ne peut pas lâcher ! Bref, toutes les conditions sont réunies pour passer un bon moment de lecture. Et si vous cherchez un bon livre pour commencer votre année 2017, je vais vous expliquer pourquoi vous devriez choisir ce roman.

En cette année 1936, Londres est en pleine mutation. Les quartiers populaires vivent dans une pauvreté indigne. Mais les riches familles continuent de vivre à l’heure du thé, de la saison des fêtes et des spectacles. Deux mondes que tout oppose et qui n’ont guère de chances de se croiser… Sauf à l’hôpital du Nightingale où des filles de toutes les origines se côtoient. Elles ont un rêve en commun : devenir infirmière. Une des rares carrières respectables pour les femmes à cette époque (en attendant de se trouver un mari). Pour trois d’entre elles, cette formation d’infirmière est une opportunité de changer de vie et d’espérer enfin trouve mieux. Dora vient d’une famille pauvre où elle était tyrannisée par son beau-père. Millie est la fille d’un comte mais espère échapper au mariage de raison que veut lui imposer sa grand-mère. Helen a trop peur de sa mère pour oser s’opposer à elle, même quand elle cherche à tout régenter dans sa vie. Les trois apprenties infirmières partagent d’abord une simple chambre, puis une amitié qui les aidera à surmonter leurs difficultés respectives. Car leurs problèmes personnels ne sont rien en comparaison de la formation qui les attend…

Dès le départ, ce livre contenait tous les éléments pour me séduire : l’histoire se passe dans les années 1930 en Angleterre (période que j’affectionne tout particulièrement), il dépeint le destin de trois jeunes femmes, et l’écriture est tellement bien rythmée qu’on ne peut tout simplement pas lâcher le livre avant la fin !

Cette histoire offre pas mal d’originalité parce qu’elle est très réaliste. Certains me diront peut-être que c’est un paradoxe, mais je pense au contraire que les romans capables de dépeindre la réalité aussi fidèlement sont encore plus puissants que les romans qui cherchent à verser dans le sensationnalisme et le spectaculaire. C’est facile d’attirer l’attention avec des courses poursuites et des explosions à chaque page. Mais raconter la vie ordinaire et être quand même passionnant, ça c’est un autre défi ! On sent bien que chacune des filles a probablement existé, qu’on aurait pu les croiser dans la rue. Et cette authenticité fait que le livre prend la dimension d’un grand roman : on est plongé dans une fresque historique, et on le sent bien. Donna Douglas réussit à capturer quelque chose de cette époque et à nous le faire vivre à travers les pages de son histoire.

Ensuite, le roman offre en fait trois histoires : les histoires de chacune des trois protagonistes. Dora pleine de force, Millie et sa pétillante joie de vivre, la sage Helen toujours si triste. Du coup, il y a forcément un personnage qui nous touche particulièrement. Bien sûr, leurs histoires se lient au fur et à mesure qu’elles deviennent amies, mais chacune doit affronter ses propres démons, ce qui créer des enjeux très différents. Le livre présente donc plusieurs intrigues complémentaires, et ça le rend d’autant plus passionnant à lire.

Enfin, le talent de conteuse de Donna Douglas doit être souligné. Car hormis les trois personnages principaux, on découvre une plus large galerie de personnages. Des hommes et des femmes sur lesquels on va découvrir des choses, et qui auront, pour certains, un rôle crucial à jouer dans l’intrigue générale. Ces personnages apportent beaucoup de suspens à l’histoire. Donna Douglas manie tout son petit monde avec beaucoup de dextérité. On sent chez elle, dans sa façon d’écrire, beaucoup de sympathie et de bienveillance pour ces personnages. Pourtant, elle est loin d’écrire une histoire de bisounours ! Il y a des choses dures dans ce livre, parce que la vie de cette époque était comme ça et que chacun doit apprendre à faire face.

Au final, ce livre n’est pas seulement une fresque historique passionnante ; c’est aussi un livre sur l’émancipation féminine. Chacune des filles va devoir se libérer de quelque chose pour avoir la chance de vivre sa vie et de s’épanouir. Le « message » du livre (si on peut dire ça pour un roman) est donc très positif car il prouve qu’en se battant, les femmes peuvent réussir à prendre leur vie en main. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura aucune blessure dans la bataille.

Avec ces Filles du Nightingale, Donna Douglas signe non seulement une bonne histoire mais aussi un grand roman. Du genre qui vous laisse scotchée, qu’on ne veut pas lâcher le soir pour aller dormir. Ce genre de livre très rare qui peut vous inspirer, vous émouvoir, vous toucher d’une manière très profonde. Apparemment, plusieurs suites ont été publiées en anglais. J’ai vraiment hâte que Charleston les publie car j’aurais beaucoup de plaisir à lire la suite de cette excellente histoire.

5 réflexions sur “Les Filles du Nightingale, roman de Donna Douglas

Vous en pensez quoi ?