L’art et la manière de conclure en beauté, roman de Lauren Weisberger

weisbergerIl y a déjà quelques années, Lauren Weisberger s’est fait un nom dans l’édition en publiant son premier livre, Le Diable s’habille en Prada. Un succès d’édition mondial, un film avec Meryl Streep et plusieurs romans plus tard, on retrouve l’auteure américaine sur les cours de tennis. Mais n’allez pas croire que la plume s’est assagi : Lauren Weisberger parle toujours de son sujet de prédilection, à savoir les coulisses cruelles d’un univers qui peut broyer les individus. Venin et glamour sont donc au rendez-vous de ce nouveau roman sobrement intitulé : L’art et la manière de conclure en beauté. Mais je vous préviens tout de suite qu’une fois que vous aurez lu ce livre, vous ne regarderez plus jamais Roland Garros de la même façon !

A vingt-cinq ans à peine, Charlie a presque tout pour elle. Cette jeune joueuse prometteuse pourrait bien devenir la prochaine grande championne de tennis féminin. En tout cas, elle fait tout pour… jusqu’à ce qu’une double blessure la force à s’éloigner des cours. C’est l’occasion pour Charlie de s’interroger sur sa carrière. Afin de revenir plus forte que jamais, elle décide de faire des changements drastiques dans sa vie, à commencer par son entraîneur. Désormais entouré du coach le plus craint du circuit mondial, elle doit devenir une guerrière imbattable. Nouveaux sponsors, soirées branchées, matchs prestigieux et petit-ami ultra-glamour suffiront-ils à Charlie pour réaliser son rêve ? Pas si sûr…

Finalement, le résumé de ce nouveau roman prouve bien qu’on retourne à ce qui a fait le succès de Lauren Weisberger dans Le Diable s’habille en Prada : la question du carriérisme, de ce qu’on est prêt à faire pour réussir, et surtout la visite guidée d’un univers impitoyable. Sous un dehors faussement glamour, L’art et la manière de conclure en beauté cache un vrai propos. Et ce mélange des genres est assez rafraîchissant !

Par rapport à ses livres précédents, je trouve que Lauren Weisberger a pris de l’assurance en tant que narratrice et qu’elle est désormais capable de déployer des intrigues plus complexes. Elle arrive à mélanger avec brio la question professionnelle, la vie privée, la vie sentimentale tout en saupoudrant le tout d’un regard plus que critique sur le milieu du tennis. Le résultat est un livre de plus de 400 pages qu’on lit aussi rapidement qu’une courte nouvelle tant c’est impossible de le lâcher.

Le personnage principal de Charlotte, alias « Charlie », est une réussite. C’est une jeune femme qui peut commettre des erreurs de jugements mais elle n’est jamais nunuche. C’est une fille déterminée, forte et intelligente qui sait ce qu’elle veut. Elle est prête à se battre, à consentir beaucoup d’efforts, elle ne pleurniche pas quand ça devient dur. Bref, c’est une vraie guerrière, et là encore je dirais que c’est rare de voir ce genre de personnage, surtout dans un roman chick lit. Charlie n’est pas une paumée qui hésite et tergiverse pendant cent pages. Elle sait ce qu’elle veut, et c’est justement son aveuglement qui va lui causer quelques ennuis.

Dans la foulée, je voudrais souligner que les personnages secondaires sont pas mal réussis. Et ça c’est quelque chose que je n’avais pas trouvé dans les romans précédents de Lauren Weisberger où les personnages secondaires avaient tendance à faire cliché. Là, il y en a plusieurs qui sortent du lot, notamment le coach hilarant et ridicule, mais aussi le personnage du père que j’ai trouvé vraiment très touchant.

En ce qui concerne toute la partie sur le tennis, pas de panique : pas besoin d’être fan et/ou expert en tennis pour lire ce livre ! En fait, c’est même le seul reproche que je pourrais faire : j’ai trouvé que l’auteure n’en parlait pas assez à mon goût. Mais après tout, ce n’est pas vraiment le sujet du livre. Malgré ça, Lauren Weisberger nous fait pénétrer dans les coulisses et nous montre bien à quoi ressemble le tennis féminin moderne. Surtout, elle explique quels sont les enjeux pour les joueuses en terme d’image et donc de revenus. A côté de ça, l’aspect glamour est vite éclipsé par l’ultra-compétition présente sur et hors des cours. On voit aussi le rythme de vie frénétique, les sacrifices qu’il faut faire pour accéder au haut niveau et comment cette carrière professionnelle balaye toute votre vie privée sur son passage.

En résumé, Lauren Weisberger est à son meilleur dans ce nouveau livre. L’art et la manière de conclure en beauté plaira autant aux fans de la romancière américaine qu’aux lectrices qui n’ont jamais rien lu d’elle. Ce livre est un vrai roman chick lit dans lequel on retrouve tous les ingrédients du genre, mais il offre aussi une dimension supplémentaire. Parce qu’on a beau ne pas être une joueuse de tennis professionnelle, on sait toutes comment la vie professionnelle peut affecter la vie privée. Et au milieu de cet équilibre précaire, il y a ce dont on rêve, ce qu’on veut accomplir dans la vie. Et Lauren Weisberger aborde ces questions comme personne d’autre, sans jamais se départir de son sens de l’humour.

4 réflexions sur “L’art et la manière de conclure en beauté, roman de Lauren Weisberger

    • Alivreouvert dit :

      peut-être que tu peux négocier avec le Père Noël quand même ? En tous les cas, je le conseille vivement, moi j’ai bien rigolé. ça peut être pas mal de commencer l’année 2017 avec un livre sympa comme celui-là. Bonne lecture !

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