Miss Peregrine et les enfants particuliers : Tim Burton repart à l’aventure

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Pendant de nombreuses années, la sortie en France d’un film de Tim Burton était un phénomène et les gens se précipitaient en salle pour aller voir « le dernier Burton », peu importait alors le sujet ou le casting. La fidélité sans faille du public français était récompensé par des pépites loufoques et chargées en émotions, bien loin de la norme sinistrement enjouée des grosses cylindrées hollywoodiennes. Je me souviens encore de l’émotion que j’ai ressenti en allant voir Big Fish au cinéma ! Mais depuis, l’encéphalogramme est resté plat et les films ratés se sont suivis sans être capable de déclencher à nouveau l’enthousiasme parmi les foules de spectateurs. Jusqu’à maintenant. Tim Burton aux manettes de l’adaptation du roman à succès de Ransom Riggs ? C’était presque trop beau pour être vrai. Et pourtant, Miss Peregrine et les enfants particuliers est bel et bien sorti, ramenant dans les salles obscures des milliers d’enfants perdus qui ont enfin la sensation d’avoir retrouvé leur Peter Pan.

Jake vit en Floride avec ses parents. Une vie ennuyeuse dans laquelle il ne se passe jamais rien et où le jeune homme, qui n’a pas franchement d’amis, peut seulement trouver refuge chez son grand-père Abe. Abe a toujours été très proche de son petit-fils, lui racontant les histoires extraordinaires de son enfance dans un pensionnat pour enfants particuliers. Des histoires où les monstres sont aussi présents et où le danger rôde. Le jour où Abe meurt de manière mystérieuse, Jake commence à soupçonner quelque chose : et s’il y avait du vrai dans les histoires de son grand-père ? Et s’il avait été tué ? Jake remonte la piste jusqu’à une institution située au Pays de Galle. Là-bas, il finit par rencontrer Miss Peregrine, la directrice d’un établissement qui accueille des enfants aux capacités étranges et hors du commun. Jake découvre aussi que leurs vies à tous sont menacées par des monstres qui cherchent à s’emparer des enfants. Mais les enfants particuliers ne sont pas seuls : Jake, qui lui aussi possède un pouvoir, pourrait bien être la clef pour vaincre ces monstres…

Tim Burton et Ransom Riggs étaient faits pour se rencontrer, et c’est presque comme si Miss Peregrine et les enfants particuliers n’avaient été écrit que dans l’espoir que le brillant réalisateur en signe un jour l’adaptation. D’ailleurs, il est très difficile de faire la part des choses entre l’univers du livre et l’univers de Burton.

Lorsque le premier tome de la saga de Miss Peregrine est sorti en librairie, les différents chroniqueurs ont tous parlé d’une ressemblance frappante avec le style burtonien, tant dans la forme que dans les thèmes abordés. C’est vrai et c’est légitime : Ransom Riggs a été biberonné aux films de Tim Burton, et sa sensibilité s’est beaucoup construite autour des films qu’il a vu dans son enfance. Etant à peu près de la même génération que lui, je suis en parfaite harmonie sur ce point.

L’histoire en elle-même nous raconte la vie d’une petite communauté bizarre… mais pas si bizarre que ça. Les personnages sont attachants, vivent une vie relativement normale et bien réglée. Face à eux, le monde normal fait un peu peur : les gens ne sont pas très chaleureux, sont trompeurs, mentent, peuvent se mettre en colère… Comme toujours chez Burton, on sent bien que la normalité est une chose dont il faut se méfier. Elle vampirise les gens en les privant de ce qui les rend uniques (et le thème prend vraiment tout son sens dans l’intrigue de ce film).

J’ai trouvé que l’histoire en elle-même étaient très bien menée. On passe du monde normal au monde « particulier » avec une grande aisance et, très vite, on a envie que tout le film se focalise sur les enfants particuliers. L’intrigue est cohérente et intéressante, et on sent bien que Tim Burton prend plaisir à filmer ce petit univers dans lequel le moindre détail peut être une source de surprise.

Mais la grande force de ce film ne réside pas dans l’histoire ou la réalisation : c’est indéniablement le casting. Tous les personnages ont été très bien castés, et les enfants sont absolument géniaux. Chacun est parfait, des plus petits aux plus grands. Chacun a sa propre personnalité et ses propres atouts, qui sont bien exploités dans le film. Du côté des adultes, Eva Green, solaire en directrice un peu loufoque, donne le rythme et se révèle avec brio dans un rôle qui, pour une fois, n’a rien de dramatique.

Du côté des points négatifs, je suis quand même obligée de souligner deux choses. Déjà, la musique n’est franchement pas géniale. Je ne suis pas une fan hystérique de Danny Elfman, mais il faut reconnaître qu’il manque sur ce film. Il a été remplacé par un tandem qui, de toute évidence, ne sait pas rendre justice à la créativité musicale. La musique est plate, sans originalité, et en sortant du cinéma on est incapable d’en siffler le thème. Elle n’apporte aucun relief et aucune émotion. Il n’y en aurait pas, ce serait pareil !

Autre point noir : Tim Burton n’est pas encore revenu au meilleur de sa forme. Il y a du mieux dans ce Miss Peregrine par rapport aux derniers films qu’il a fait. C’est indéniable. Pour autant, du côté des émotions, on ne peut pas dire qu’on est transporté comme on a pu l’être dans ses précédents films. La faute peut-être à un usage important du numérique ? Toujours est-il que, même si ce film est d’excellente facture, il peine à émouvoir le spectateur adulte.

Ce Miss Peregrine et les enfants particuliers est un très bon film et un très bon Tim Burton. On pensait que le ressort était cassé, mais il n’en est rien, le génial réalisateur remonte la pente. Malgré deux faiblesses, ce film est un excellent divertissement qui donne très envie de voir la suite. On en ressort en ayant passé un très bon moment. Et si vous voulez garder la magie, n’hésitez pas à vous plonger dans les livres écrits par Ransom Riggs ; ils sont publiés en France chez Bayard.

11 réflexions sur “Miss Peregrine et les enfants particuliers : Tim Burton repart à l’aventure

  1. lacavernedhaifa dit :

    Super article ! J’ai entendu beaucoup de personne comme toi, qui m’ont dit que Tim Burton n’était pas revenu au meilleur de sa forme.. Mais rien que pour le roman de Ransom Riggs, j’ai bien envie d’aller le voir au cinéma, ce film !

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