Comme une valse, de Dorothy Parker

Dorothy-ParkerDorothy Parker n’est pas une étrangère pour moi, et pourtant je n’avais jamais rien lu d’elle jusqu’au mois dernier ! J’ai croisé sa figure pendant mes études de littérature américaine, j’ai ri avec elle grâce à ses célèbres citations, j’ai même vécu une formidable aventure en lisant le roman Le Cercle des plumes assassines dont elle est l’héroïne. Mais elle et moi, nous ne nous étions pas encore croisé « pour de vrai » dans les pages d’un de ses livres. Il faut dire que les livres de Dorothy Parker, ce n’est ce qu’il y a de plus répandu en France ! Alors quand les éditions 10-18 ont publié un recueil de ses nouvelles Comme une valse fin août, j’ai littéralement bondi sur l’occasion. Et j’ai enfin pu lire un ouvrage de Dorothy Parker. Vous savez quoi ? C’était aussi bien que je l’avais espéré !

Dorothy Parker buvait beaucoup, fumait autant, et à l’occasion elle écrivait. Ce portrait pas très fin vous donne quand même les grandes lignes du personnage. Collaboratrice de nombreux magazines américains (parmi lesquels Vogue, Vanity Fair ou encore le très prestigieux New Yorker), Dorothy s’est surtout taillé une place à part dans la littérature américaine grâce à deux atouts formidables : son humour exceptionnel et son sens aigu de l’observation. D’une intelligence remarquable, elle peut aussi bien s’intéresser à la haute bourgeoisie new yorkaise, aux midinettes, aux artistes ou aux combattants révolutionnaires. Tous, elle les détaille avec férocité ou tendresse selon son inspiration du moment.

Ce qui est au coeur de ce recueil, c’est justement le portrait. Auto-portrait ou portrait des autres, mais c’est toujours l’humain qui est au coeur des histoires. Dans les différents textes qui composent Comme une valse, Dorothy Parker dévoile un don rare pour l’art de raconter. Elle est tour à tour d’un drôlerie irrésistible et d’une justesse troublante, alternant les sujets légers avec les sujets graves.

Elle invente par exemple Sex & the city avant l’heure dans la nouvelle Journal d’une New-Yorkaise. J’étais vraiment morte de rire en lisant ce texte, à tel point que je l’ai relu deux fois encore après. C’est le texte que j’ai le plus aimé car il est d’un humour à tomber à la renverse. Ce pourrait être le texte d’un one woman show, et ça passerait très bien comme ça. J’entendais pour ainsi dire la voix de Dorothy Parker raconter la semaine de cette pauvre femme riche mais complètement oisive, ballottée entre les différents événements mondains et les petites contrariétés de sa vie luxueuse. Lisez-le absolument c’est à mourir de rire !

Mais j’ai aussi beaucoup aimé le texte Soldats de la République où elle raconte une rencontre avec des combattants espagnols. Le texte est d’une grande simplicité par rapport à l’autre, et l’écriture ne cherche pas à faire rire. Il s’agit au contraire de montrer l’humanité dans ce qu’elle a de plus essentiel, de plus touchant, de plus normal. En quelques pages seulement, Dorothy Parker parvient à toucher du doigt quelque chose de très émouvant : le quotidien des soldats. Et elle le restitue avec beaucoup de sincérité et de tendresse, portant sur eux un regard maternel.

Les textes sont très variés dans ce recueil, et c’est ce qui fait de Comme une valse une lecture si plaisante, même pour des lecteurs qui ne seraient pas habitués à lire des nouvelles. Ce livre a le mérite de réhabiliter Dorothy Parker auprès du public français qui ne la connait pas bien voire pas du tout. Il permet aussi de se rendre compte de l’étendu du talent d’auteur de cette femme hors normes. Contemporaine de Hemingway, de Fitzgerald et de tant d’autres auteurs américains de l’entre-deux guerres, elle n’a rien à leur envier. Et il suffit de la relire pour se rendre compte qu’elle n’a pas pris une ride.

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