Riquet à la houppe, d’Amélie Nothomb

NothombPour son roman annuel, Amélie Nothomb nous revient en grande forme et signe une histoire inspirée par le conte Riquet à la houppe. Mais pas besoin de réviser ses classiques avant d’entamer ce nouveau livre : la plus française des romancières belges reprend à son compte les ressorts du conte pour livrer une histoire résolument moderne. Elle met son sens de l’observation et son humour acide au service d’un livre qui n’hésite pas à questionner le rapport de notre société à la beauté et à l’esprit. Vaste projet, mais ce qui est le plus remarquable peut-être, c’est que ce livre prend le contre-pied des écrits passés d’Amélie Nothomb : lumineux et très drôle, le Riquet à la houppe de cette rentrée littéraire 2016 est une véritable bouffée de bonne humeur !

Exit le « Il était une fois » : notre histoire commence de nos jours et suit le parcours de deux bébés que tout oppose. Déodat est en enfant extrêmement laid mais doué d’une intelligence fabuleuse qui va lui permettre de tirer parti de sa condition de paria pour trouver sa place dans la société. Loin de jouer les boucs émissaires, il cultive sa différence et trace sa voie sans se soucier du regard des autres. Trémière est une petite fille solitaire d’une immense beauté, mais malheureusement sotte. Malgré le fait que ses parents se désespèrent de sa bêtise, sa grand-mère l’élève dans le culte de la beauté et de la contemplation, persuadée que la petite possède un don qui lui est propre. Les parcours croisés de ces deux enfants que tout oppose vont révéler pas mal de surprises, à commencer par des similitudes inattendues…

L’année dernière, je me souviens que j’avais beaucoup aimé le roman d’Amélie Nothomb, Le Crime du comte Neville. J’en avais fait une critique d’autant plus élogieuse que ça faisait quelques temps que je ne m’étais plus enthousiasmée pour un roman d’Amélie Nothomb. Cette année, je dois dire que mon sentiment est dans la droite lignée de ma chronique de 2015 : je suis très emballée par ce nouveau livre et j’ai vraiment la sensation que la romancière a amorcé un virage. On retrouve son style bien sûr, et son sens de l’humour si particulier. Mais la grande nouveauté, c’est que maintenant son écriture est franchement drôle et lumineuse. Exit la noirceur et l’humour noir : on plonge dans des histoires remplies d’optimisme, et ça fait un bien fou ! Et en plus, la couverture choisie par les éditions Albin Michel est splendide.

Si l’année dernière Amélie Nothomb avait interrogé la notion de libre arbitre, elle s’attaque cette année à un autre thème fort : le rapport au beau. Un sujet vaste mais aussi polémique puisqu’on ne parle seulement d’esthétique mais aussi d’émotion. En choisissant de remettre aux goûts du jour Riquet à la houppe, Amélie Nothomb a fait un choix judicieux : elle s’approprie une histoire intemporelle pour l’ancrer dans notre époque et questionner notre société et notre regard d’individu à individu. Notre regard est-il conditionné par la beauté ? Quelle relation avons-nous avec la beauté ? Et avec la laideur ? Qu’est-ce que tout cela dit de nous ?

Evidemment, sur tous ces sujets, Amélie Nothomb a beaucoup de choses à dire. Et sa meilleure arme, c’est son humour ainsi que son intelligence. Elle s’en donne à cœur joie avec cette histoire à peine croyable, mais qui recèle pourtant beaucoup d’aspects réalistes à commencer par les parents qui espèrent tous avoir des enfants parfaits (comprendre : beaux ET intelligents). Elle tisse aussi un thème autour d’un sujet qui lui est cher : l’amour. L’amour en tant que lien entre les êtres ; l’amour qui a la capacité de faire du bien, de renforcer les individus, de les rendre plus épanouis…

Malgré son format très court (moins de 200 pages), ce roman aborde vraiment beaucoup de choses et il offre une richesse de thèmes très agréable. La lecture est extrêmement plaisante car on sent bien qu’Amélie Nothomb a atteint un degré de maîtrise du récit rarement égalé : c’est rythmé, émouvant, drôle, avec des retournements de situation… Ce livre vaut le détour, pas seulement pour les fans d’Amélie Nothomb qui seront ravis de la retrouver en très grande forme, mais aussi pour tous les autres lecteurs curieux qui auront tout simplement le plaisir de lire un très bon livre.

9 réflexions sur “Riquet à la houppe, d’Amélie Nothomb

  1. Lily dit :

    desormais je doute un peu d’Amélie Nothomb. Depuis quelque année, on peut remarquer son habitude à reprendres des romans connus. Barbe Bleu, le crime du conte Neville, désormais Riquet à la houppe et à chaque fois… c’estune mini deception pour mois. Alors je ne sais pas trop si me laisser tenter ou non.

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    • Alivreouvert dit :

      Je vois ce que tu veux dire. Je te conseille (perso je le fais pour certains livres) d’aller en librairie et de feuilleter le livre pour voir ce que ça donne. En général, la première impression est souvent la bonne. Et alors tu verras si tu as envie de lui donner une chance ou pas.

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