L’été avant la guerre, roman d’Helen Simonson

Ete-avant-la-guerreC’est avec son roman La Dernière Conquête du Major Pettigrew que Helen Simonson a fait une entrée remarquée dans les librairies françaises. Ce roman a connu un joli succès et je n’en ai entendu que du bien. Malheureusement pour moi, je l’avais raté à sa sortie et depuis je n’ai pas encore trouvé le temps de le lire. Honte sur moi ! Du coup, lorsque les éditions Nil ont publié, il y a deux mois, le tout nouveau livre de la romancière britannique, je ne pouvais pas prendre le risque de passer à côté encore une fois. D’autant que rien qu’avec son titre, L’été avant la guerre, promettait d’être une belle lecture estivale. Le résultat a largement dépassé mes attentes et, même si j’ai terminé le roman à regret, j’avais vraiment hâte de vous en parler pour vous le faire découvrir.

Béatrice Nash arrive à Rye en 1914. Cette petite bourgade paisible de la campagne anglaise n’est pas un lieu de villégiature pour la jeune fille, loin de là : elle vient pour y décrocher un poste d’enseignante de latin à l’école locale. Cette jeune femme vive d’esprit habituée à la solitude va rapidement découvrir une communauté pleine de charme, à commencer par les membres de la famille Kent qui vont devenir des amis très chers, en particulier le charmant Hugh. Mais l’insouciance n’est pas franchement de mise en cet été 1914. Les diplomates anglais craignent que le pire n’arrive, les discours patriotiques fleurissent partout et on regarde de travers la pauvre Eleanor, une amie de Béatrice qui s’est mariée avec un autrichien. Le pire arrive finalement avec le début de la guerre, l’afflux de réfugiés belges qu’il faut héberger, et bientôt le départ des hommes vers les combats.

Alors certes, on pourrait me dire que la Première Guerre mondiale, ce n’est pas franchement un récit qui se prête bien à l’insouciance des vacances d’été. Pourtant, Helen Simonson ne cherche pas à verser dans la sensiblerie ou à plonger son lectorat dans la détresse des champs de bataille. Ce dont elle nous parle, c’est de la jeunesse anglaise, ces jeunes gens qui avaient toute la vie devant eux en 1914 et dont la vie a basculé en même temps que le cours de l’histoire. Car même si Béatrice est le personnage central du roman, Hugh et Daniel (les deux neveux des Kent) sont largement mis en valeur. Plus tard, on découvre aussi Céleste, une jeune réfugiée Belge chassée de chez elle par les soldats allemands. Avec ces quelques personnages, Helen Simonson a le projet de nous montrer la jeunesse, avec ses espoirs et ses désillusions. Pas pour faire en sorte que l’on s’apitoie sur leur sort, mais pour nous faire sentir les changements qui s’opèrent au sein du monde quand tout bascule.

L’été avant la guerre est un roman absolument passionnant de bout en bout, notamment parce que l’écriture en est irréprochable. Helen Simonson a un don rare de conteuse : elle nous plonge parfaitement bien dans les ambiances de l’époque, dans l’atmosphère de cette campagne anglaise que le calme va peu à peu déserter. C’est très difficile de se couper dans la lecture, même pour aller se coucher, car on veut toujours savoir « ce qui va arriver après ». Les personnages sont particulièrement bien rendus. Certains sont particulièrement attachants, d’autres très drôles, et certains plutôt désagréables. Mais c’est comme dans la vie : on ne peut pas aimer tout le monde ! Les actes de générosité et de courage sont mis en lumière tout comme les mesquineries du quotidien. La guerre va révéler la vraie nature des gens, et son effet révélateur nous fait sentir tous les petits travers de l’humanité.

D’ailleurs, l’une des clefs du succès de ce livre, à mon sens, c’est sa richesse. Outre la grande histoire, le livre dévoile aussi plusieurs intrigues secondaires qui donnent beaucoup de peps à l’ensemble du récit… et qui expliquent la taille du livre ! Les rebondissements sont nombreux et toujours surprenants. Le lecteur est sans arrêt sur le qui-vive car il se passe toujours quelque chose. Impossible de s’ennuyer et d’ailleurs tous les lecteurs y trouveront leur compte : roman historique, intrigues, histoire romantique, fresque familiale, humour anglais… L’été avant la guerre est un roman foisonnant mais toujours cohérent qui vous transporte littéralement au cœur d’un petit coin de campagne anglaise où il fait bon vivre.

Si vous avez aimé la série Downton Abbey par exemple, je pense que vous allez adorer ce roman. Même chose pour ceux et celles d’entre vous qui avaient pu se prendre de passion pour Testament of Youth de Vera Brittain. On découvre la Première Guerre mondiale comme on ne l’a jamais vue. Il n’y a rien de sordide dans ce livre. Tout est vu depuis la vie quotidienne d’une petite ville anglaise qui va peu à peu prendre conscience de la réalité de la guerre. Avec elle, c’est la jeunesse qui change de regard sur le monde et doit lutter pour trouver sa place. Ce roman est une véritable réussite. J’aurais voulu qu’il dure quelques centaines de pages de plus tellement je suis tombée sous le charme. Et maintenant j’ai encore moins d’excuse pour ne pas lire La Dernière Conquête du Major Pettigrew !

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