L’Enfant du lac, le nouveau roman de Kate Morton

Enfant-du-lacJe me souviens que, quand Les Brumes de Riverton est paru en France, le nom de la jeune romancière australienne qui l’avait écrit était sur toutes les lèvres. Dès son premier roman, il faut dire que Kate Morton avait frappé un grand coup avec un livre encensé par la critique,  non seulement chez elle où elle est la figure de proue du renouveau littéraire, mais aussi dans le monde entier. Car très vite, ses romans ont été traduits et ont rencontré le succès international. La raison de ce succès phénoménal ? Difficile à dire car jusqu’à récemment je n’avais jamais lu aucun de ses romans. Même si Les Brumes de Riverton est sur ma liste de livres à lire depuis plusieurs années, je n’ai pas encore eu le temps de découvrir cette histoire. Alors évidemment, quand les éditions des Presses de la Cité m’ont envoyé un exemplaire du nouveau livre de Kate Morton, L’Enfant du lac, j’avais hâte de le lire. Le résultat a surpassé mes attentes les plus folles, mais n’anticipons pas trop sur la chronique.

Nous sommes en 2003, dans un petit coin de Cornouailles où Sadie Sparrow est venue passer des vacances chez son grand-père. Vacances forcées serait le terme le plus exacte car la jeune inspectrice de la police londonienne a été envoyée au vert par son supérieur à la suite d’une affaire qui a mal tournée. Obligée de lever le pied, elle trompe son ennui en courant dans la région. Au hasard d’un parcours, elle découvre une vieille maison abandonnée. En posant quelques questions autour d’elle, elle découvre vite l’histoire de cette maison : dans les années 1930, la famille qui vivait là a vécu un drame. Le petit garçon a disparu sans qu’on retrouve jamais son corps, et l’enquête n’a jamais rien donné. Sadie, piquée par la curiosité, décide d’employer son temps à découvrir cette affaire. Mais ce qui n’était qu’une simple curiosité va vite tourner à l’obsession tandis qu’elle découvre les nombreux détails troublants de cette affaire impénétrable. De son côté, Alice Edevane, auteure de romans policiers à succès vivant à Londres, a passé toute sa vie à tenter d’oublier ce qui s’était passé l’été de ses quinze ans dans la maison familiale. Apprenant que quelqu’un s’intéresse à nouveau à l’affaire de son petit-frère, elle est confrontée aux fantômes de son propre passé…

Si je ne devais résumer ce roman qu’un un seul mot, ce serait surement : wahou ! Oui, avec un pointe d’exclamation. Parce que pour quelqu’un comme moi qui lit pas mal de romans policiers, c’est assez vertigineux de tomber tout d’un coup sur un livre aussi époustouflant que celui-là. D’ailleurs, je ne sais pas s’il est très juste de le qualifier simplement de roman policier, car Kate Morton a construit son livre avec un tel soin et une telle richesse de détails que l’étiquette d’un genre semble réductrice. Oscillant entre roman policier et fresque familiale, L’Enfant du lac est un émerveillement de chaque page, de chaque instant, et il offre au lecteur une expérience unique, une plongée au plus près du crime et de ses méandres.

Lorsque j’ai commencé L’Enfant du lac, j’ai trouvé que le début était assez lent à se mettre en place. C’est que je pensais simplement lire un roman policier. Mais en fait, Kate Morton nous invite à découvrir un roman à tiroirs. Plusieurs couches de superposent pour nous donner une vision à 360° de l’affaire. Le lecteur fait ainsi l’aller-retour entre les événements de l’été 1933 et l’enquête de Sadie en 2003. Loin de faciliter la résolution de l’énigme, cette stratégie narrative nous emmène au contraire dans les dédales de l’histoire. Chaque personnage, chaque piste est explorée en détails. Et les rebondissements sont aussi nombreux qu’imprévisibles. J’ai été purement et simplement bluffée par la manière dont l’histoire est racontée et je n’arrivais plus à lâcher le livre en le lisant le soir. A chaque fois que je croyais m’être fait une idée précise sur l’identité du coupable, une nouvelle information venait remettre tout en doute. Et c’est exactement le genre de chose que j’attends d’un très bon roman policier.

Je ne vais pas trop vous en dévoiler sur les mécanismes de l’intrigue parce que sinon ça vous gâcherait une grande partie du plaisir de cette lecture. Je vais juste souligner que la description psychologique des personnages est l’autre très grande réussite de ce livre. Chacun des personnages est vraiment réaliste, on comprend ses motivations, ses peurs et ses sentiments à propos de l’affaire. On en vient à les connaître si bien qu’on pénètre dans leur intimité et on finit par tous les apprécier. Du coup, chaque nouvelle suspicion est une expérience difficile pour le lecteur : comment un personnage auquel on s’est attaché peut-il être le coupable d’un crime aussi horrible ? De ce point de vue, Kate Morton joue vraiment avec les nerfs du lecteur. C’est souvent l’ascenseur émotionnel et nos convictions sont fortement ébranlées au fil de l’enquête à cause justement de l’affection qu’on a développée pour les différents protagonistes.

L’Enfant du lac est une pépite, une pure réussite littéraire. Dans ma vie, je n’ai pas lu beaucoup de romans qui pouvaient rivaliser avec le niveau de celui-ci. Les amateurs de romans policiers seront séduits par la grande complexité de l’intrigue. Les lecteurs peu attachés au genre policier auront le plaisir de découvrir une fresque familiale, l’analyse des relations dans une famille qui cache de nombreux secrets. C’est indiscutablement l’un des tout meilleurs livres de l’année. A lire absolument !

18 réflexions sur “L’Enfant du lac, le nouveau roman de Kate Morton

  1. Sev dit :

    Waouh! Avec un point d’exclamation 😉
    Quelle chronique dis donc! Ca donne vriament envie de lire ce roman, surtout avec ce procédé de narration à tiroires que tu décris.

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  2. WordsAndPeace dit :

    Eh bien prépare-toi à beaucoup de délices, tous ses livres sont aussi bons. Ils sont en fait tous construits de la même façon, tout en étant différents, ce qui me parait en soi un vrai tour de force – comme je l’ai souligné dans ma présentatin de son livre précédent: https://wordsandpeace.com/2012/10/01/2012-48-review-the-secret-keeper/. C’est marrant, je n’ai jamais pensé mettre l’étiquette de roman policier sur les livres de Kate Morton

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  3. Catherine dit :

    J’aime en général les romans de Kate morton, the secret garden étant mon préferé jusqu’à ce jour. Elle utilise souvent le même procédé mais ça marche, du moins tant qu’on aime ça. J’ai hate de pouvoir lire celui la!

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