Haworth : sur les traces des sœurs Brontë

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Leur discrétion est devenue légendaire, autant que leurs œuvres littéraires de génie. Malheureusement pour les fans transis d’admiration, presque rien ne subsiste de la vie austère des sœurs Brontë. Pour approcher au plus près de leur mythe, il faut se rendre en Angleterre, dans le nord froid et venteux du pays, pour trouver, niché au creux du West Yorkshire, une petite ville baptisée Haworth. Si les sœurs ne sont pas nées là, c’est ici qu’elles ont grandi, vécu l’essentiel de leur vie et écrit certains de leurs livres les plus célèbres. Je vous propose donc de chausser vos bottes de pluie, d’enfiler un bon pull et de marcher dans les pas de ces trois dames de la littérature pour remonter le fil du temps.

Haworth n’est pas célèbre… à part pour sa filiation avec les sœurs Brontë. Et objectivement, c’est bien normal : il ne s’y est jamais rien passé d’intéressant ! Et d’ailleurs, c’est à peu près sûr que les habitants du XIXe siècle, voyant arriver le nouveau révérend Patrick Brontë flanqué de ses enfants, n’ont pas dû se douter que la vie paisible de leur petit village serait à tout jamais chambouler. Car rien, vraiment rien, ne prédisposait Haworth à rentrer dans l’histoire de la littérature mondiale. Depuis, les cars de touristes japonais ont largement changé la donne !

Mais prenons le temps de raconter l’histoire comme il faut ; les sœurs Brontë l’auraient voulu ainsi. Quand les filles arrivent avec leur père et leur frère à Haworth, c’est parce que Patrick s’est vu donner la charge de la paroisse de Haworth. Il installe donc toute sa petite famille dans la maison dévolue au pasteur. Une maison d’assez jolie taille au style austère qui va être la demeure de la famille pour les années à venir. Si Haworth est le lieu de tous les rêves, c’est aussi le lieu du venin. Enfants, les sœurs et leur frère Branwell parcourent les alentours et laissent vagabonder leur imagination. Les quatre esprits très imaginatifs s’inventent des mondes imaginaires, et déjà l’onirisme le dispute à la réalité. Mais les démons de Branwell ne peuvent pas être tenus à distance par des histoires, et il sombre peu à peu dans l’alcoolisme et la folie.

Le frère perdu finira par mourir, mais les sœurs n’arrêtent pas pour autant d’inventer des histoires. C’est à Haworth que Charlotte écrit Jane Eyre. C’est à Haworth qu’Emily écrit Les Hauts de Hurlevent. C’est à Haworth qu’Anne écrit La Châtelaine de Wildfell Hall. Ainsi on peut donc dire que les murs de ce vieux presbytère ont vu s’écrire, littéralement, certaines des plus grandes œuvres de la littérature mondiale.

La fin de l’histoire est plus tragique… puisqu’elles meurent toutes les uns après les autres. Désolée pour le spoiler, mais en même temps, c’est vraiment la partie la plus célèbre de l’histoire. Une fin triste et dramatique, très dans le style Brontë ironiquement.

La fin ? Pas vraiment en fait, car le temps a passé, et les sœurs Brontë ont trouvé leur juste place dans l’histoire de la littérature. Ces femmes de lettres élevées au rang d’icônes font même l’objet d’un culte auprès de certains fans. Ce qui est sûr, c’est que sans elles, Haworth ne serait pas devenu une destination touristique aussi prisée. De nos jours, le presbytère d’Haworth est géré par la Société Brontë et il a été transformé en musée où on peut admirer des manuscrits et des objets liés à la vie des Brontë.

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De manière générale, toute la ville et ses alentours ont été transformé en musée à ciel ouvert, et les bibliophiles en pèlerinage n’auront aucun mal à suivre le parcours tracé par la Route Brontë, un parcours de 69 km qui vous fait traverser la ville en passant par les endroits liés aux sœurs pour ensuite quitter la ville et marcher dans la campagne, au plus près des sources d’inspiration d’Emily pour Les Hauts de Hurlevent. Vous pourrez aussi aller boire un coup au Black Bull, le pub dans lequel Branwell avait l’habitude de se soûler. Si vous préférez le calme, il vous sera toujours possible de vous rendre à l’église du village où Patrick Brontë officiait. L’église est toujours là et certains fans se marient là. Sinon, les librairies, les salons de thé et les boutiques de souvenirs sauront bien vous divertir. Et bien sûr, la visite ne serait pas complète sans un tour au cimetière de Haworth pour visiter les tombes d’Emily et de Charlotte. Anne n’est pas enterrée là mais à Scarborough.

Voilà pour cette balade sur les traces des Brontë. J’espère qu’elle vous a donné envie de voyager et d’aller découvrir les racines des sœurs Brontë. Ce que je trouve intéressant dans ce cas précis, c’est que, contrairement à d’autres maisons d’écrivains, on sait que c’est véritablement là que les sœurs ont écrit. On sait aussi que c’est au gré de ses promenades dans les alentours qu’Emily a puisé l’inspiration pour les différents éléments des Hauts de Hurlevent. On peut donc vraiment dire que le lieu est étroitement lié aux romans, et ça doit donc être une émotion particulière de se promener là-bas. J’espère pouvoir m’y rendre un jour. Et vous, ça vous tente ?

6 réflexions sur “Haworth : sur les traces des sœurs Brontë

  1. juneandcie dit :

    J’adore ce genre de visite. Je trouve qu’il se dégage toujours quelque chose de singulier de ce type de lieu. Personnellement dans un prochain article ce mois-ci je vais parler de Mauriac et de Malagar. Un tout autre style mais un lieu particulier aussi. En attendant je vais relire ton article pour rêver sur Haworth et les soeurs Brontë. Merci pour cette belle balade.

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