Quand j’étais au lycée, je suis rentrée dans ma phase Romantisme Français » : j’ai erré d’étagères en auteurs avant de me fixer sur un trio de purs et durs. Des romantiques, des vrais. Des génies torturés aux pages sublimes. Et depuis ce temps-là, mon podium personnel est constitué de Baudelaire, Rimbaud et Musset. J’en reviens toujours à eux. Ils sont mon port d’attache, mon vaisseau-mère. Récemment, cette vieille passion m’est revenue en pleine figure à la faveur d’un cadeau d’anniversaire. Une amie qui ne manque pas de bonnes idées (et surtout qui me connaît très bien !) a eu l’idée de m’écrire un petit message sur le paquet cadeau, et pas n’importe quel message : l’extrait d’un poème de Rimbaud. Son excellent choix s’est porté sur Sensation, un texte qui, même s’il n’est pas forcément son plus connu, est indéniablement l’un de ses meilleurs. C’est ce qui m’a donné l’idée de le partager avec vous aujourd’hui. Parce qu’on ne met jamais assez de poésie rimbaldienne dans la vie de tous les jours… surtout en ce moment ! Je vous laisse donc en compagnie des mots immortels d’Arthur Rimbaud, prince des indociles, rêveurs aux semelles de vent.

« Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :

Rêveur, j’en sentirais la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien.

Mais l’amour infini me montera dans l’âme.

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,

Par la Nature, heureux comme avec une femme. »