The Night Manager : plongée réussie dans le roman de John Le Carré

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Tout est de la faute de Twitter ! Je suis abonnée aux fils comptes de différents titres de presse britanniques, spécialement dans la culture et la littérature, et j’ai vu passer tellement de choses sur la série The Night Manager que j’ai fini par craquer. Que peut faire une fille quand on la bombarde de photos de Tom Hiddleston pendant deux mois en lui vantant les mérites de sa nouvelle série ? Sans compter que la série en question est tirée d’un roman éponyme de John Le Carré en personne ! Après avoir lutté en vain, j’ai décidé de céder à ma curiosité naturelle… mais ça n’a rien à voir avec les scènes où ce cher Tom apparaît torse-nu dans la bande annonce. Non voyons, pour qui me prenez vous ? Je suis une lectrice pointilleuse, c’est tout. Ais-je mentionné que Hugh Laurie était aussi au casting ? Ah, vous voyez que c’est dur de résister !

Le Caire pendant le printemps arabe. Le pays est en pleine révolution, les médias du monde entier se précipitent sur place pour voir de quoi il retourne. Mais pour Jonathan Pine (Tom Hiddleston), le responsable de nuit d’un hôtel de luxe, la révolution en cours ne doit pas troubler la vie de ses clients. La donne change quand une de ses clientes, maîtresse d’un égyptien très fortuné, lui remet une liste pour qu’il la mette en sécurité. Jonathan, qui a fait partie de l’armée anglaise pendant plusieurs années, reconnaît tout de suite de quoi il s’agit : une liste de vente d’armes illégale. Grâce à un ami de l’ambassade de Grande-Bretagne, il parvient à communiquer la liste aux services de renseignement britanniques. Mais il est trop tard : la cliente est morte, et les responsables sont loin. Plusieurs années plus tard, alors qu’il est en poste en Suisse, Jonathan est à nouveau contacté par les services secrets britanniques. Angela Burr (jouée par la formidable Olivia Colman vue dans Broadchurch) lui propose une mission d’infiltration pour faire tomber le responsable d’un réseau de ventes d’armes : Richard Roper (incarné par Hugh Laurie), un multi-millionnaire sans scrupule que tout le monde essaye de faire tomber mais en vain. En s’infiltrant dans son organisation et en devenant son bras droit, Jonathan va devoir rassembler les preuves dont les autorités ont besoin pour incriminer Roper. Mais il sera seul, sans appui, et sa vie sera menacée à chaque instant.

John Le Carré n’est pas ce qu’on peut appeler « un écrivain de seconde zone », loin de là ! On lui doit beaucoup de livres d’espionnage, et d’ailleurs plusieurs de ces ouvrages ont déjà fait l’objet d’adaptations : Le Tailleur de Panama, La Taupe, The Constant Gardener… Pas étonnant que cet auteur ait beaucoup d’idées : il a lui-même fait partie du MI-5 et du MI-6 ! John Le Carré est mondialement célébré pour ces histoires passionnantes aux atmosphères prenantes et réalistes. Bref, il sait y faire !

Dans cette mini-série de seulement six épisodes, on plonge toujours plus profond dans une mission d’infiltration dangereuse et trépidante. On suit en parallèle l’évolution de la mission sur le terrain grâce à Tom Hiddleston, et surtout le complot à Londres pour cacher les activités illégales de Roper. Plusieurs hauts responsables des services secrets britanniques sont en fait corrompus, et Olivia Colman se débat dans un nid de guêpes tout aussi dangereux que celui de son agent de terrain. Les deux héros sont particulièrement attachants et se retrouvent confrontés à des situations périlleuses et passionnantes.

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Je ne suis pas la plus grande fan du monde d’histoires policières. Mais quand on arrive à m’accrocher avec une histoire à tiroirs et des rebondissements vraiment surprenants, alors oui je mords à l’hameçon ! The Night Manager ne propose une histoire à la James Bond, avec des courses poursuites ou des explosions à gogo. L’histoire s’inscrit dans un réalisme inquiétant, qui fait parfois froid dans le monde, et qui montre l’envers du décor : l’opportunisme marchand de quelques hommes prêts à faire des profits sur le dos de la guerre et de la misère. Des hommes froids, calculateurs, qui ont du sang sur les mains et pas le moindre scrupule. A ce jeu-là, Hugh Laurie est excellent et dévoile un personnage d’une grande retenue, un businessman très présentable, bien élevé, cultivé… et sans le moindre respect pour la vie humaine. Le genre de méchant qui n’a pas besoin d’en faire beaucoup pour qu’on sache bien quelle menace il représente.

La série repose sur une atmosphère à la fois hypnotique et intense. Les tensions sont nombreuses à cause des non-dits, et on sent véritablement le danger rôder. L’histoire est très bien menée, avec un casting convaincant et visiblement de gros moyens de production. J’avais l’impression d’être au cinéma en train de regarder un film tellement la qualité et la richesse des scènes m’ont bluffée.

Cette série pourra autant plaire à des fans d’histoires policières qu’à des curieux qui ont envie de se détendre avec une bonne histoire. C’est une franche réussite et c’est presque dommage qu’il n’y ait pas de suite au roman d’origine car l’association Pine/Burr est excellente. J’ai vue cette série en VO (et c’était un bonheur car j’adore les séries britanniques), mais que le public français se rassure : France 3 a d’ores et déjà acheté la série et compte la diffuser dans le courant de l’année 2016.

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