Belles de Shanghai, roman d’Amy Tan

Belles-ShangaiIl n’y a pas de repos pour les braves ! Et en particulier pour les fans des éditions Charleston puisque cette année, la maison d’édition a augmenté le nombre de livres publiés. C’est donc l’occasion de découvrir encore plus de pépites littéraires. Et en avril, c’est un roman de la romancière américaine Amy Tan qui est venu gonfler les rangs de ma bibliothèque. Sa superbe couverture rouge était une invitation au voyage, et comme je n’avais jamais lu de livre d’Amy Tan, c’était forcément l’aventure qui m’attendait ! Une véritable invitation au voyage avec un chemin qui propose de mener le lecteur jusqu’en Chine, au début du siècle. Forcément, une lecture envoûtante…

En 1912, la Chine bascule et les américains sont chassés du territoire. Les changements politiques apportent avec eux une atmosphère de danger, et la jeune Violet va rapidement s’en rendre compte car les conséquences sur sa vie vont changer son destin à tout jamais. Petite fille, elle a grandi entouré par sa mère et le confort de l’établissement que cette dernière dirigeait : une maison close très distinguée, réservée à une clientèle luxueuse, où se côtoyaient aussi bien des étrangers que des chinois. Violet grandit entourée par un monde qu’elle ne comprend pas toujours, avec plein de femmes autour d’elles, des courtisanes qui doivent respecter certaines règles pour vivre et survivre dans ce milieu. Quand Violet est séparée de sa mère, au moment des troubles politiques, elle se retrouve seule, isolée, sans protection. Tandis que sa mère vogue vers les Etats-Unis, Violet est vendue comme courtisane vierge dans une maison close. Son voyage commence alors, avec une initiation aux mystères de la vie, de l’amour, et la force qu’il faut trouver en soi pour survivre à tout.

En essayant de trouver les mots justes pour résumer l’histoire de Belles de Shanghai, je me rends compte à quel point l’histoire d’Amy Tan aurait pu être sordide… si elle l’avait raconté autrement. Une fillette, vendue comme prostituée dans un bordel : a priori, ce n’est pas mon genre d’histoire. Et dans une certaine mesure, c’est vrai que cet aspect de l’histoire ne m’a pas séduite. Ce n’est pas pour ça que j’ai eu envie de lire ce livre. En revanche, la plongée dans la Chine du début du XXe siècle, au moment où le régime communiste se met en place, voilà une dimension intéressante. D’une manière générale, Amy Tan arrive à jongler avec la grande histoire et la petite histoire, ce qui fait que le roman ne sombre jamais dans l’histoire sordide ou ennuyeuse.

Le parcours de Violet (et celui de sa mère dans un second temps) est fascinant parce que l’histoire est bien construite et qu’elle s’inscrit dans un cadre réaliste. Le roman est d’ailleurs extrêmement bien documenté sur la société chinoise de l’époque. Amy Tan maîtrise son sujet, et elle nous fait plonger très facilement dans une époque et un pays dont on ne connait rien. Et pourtant, très rapidement on comprend les enjeux et en quoi il est très difficile pour une jeune fille de survivre dans ce monde. La violence est feutrée, le danger présent mais au second plan. Ce qui interpelle le plus pendant la lecture, c’est la sensualité qui se dégage de l’histoire. L’atmosphère de ce roman est fascinante, envoûtante même, pleine d’un charme vénéneux.

L’histoire de Violet est évidemment intéressante, d’autant qu’Amy Tan nous raconte vraiment sa vie entière. On se retrouve embarqué pour une fresque romanesque qui court sur trois générations (la mère de Violet, Violet et sa fille), et jusqu’au bout on ne peut pas savoir comment ça va finir. Amy Tan nous saisit par le souffle de son récit, et c’est l’un des aspects qui fait que ce roman est difficile à lâcher. L’écriture est d’ailleurs très fluide. J’avais peur au début d’avoir du mal à rentrer dans ce livre à cause de son époque et du pays (parce que je ne connais vraiment rien de la culture chinoise !), et au contraire c’est très facile de se laisser prendre.

Le pan de l’histoire qui m’a le moins intéressé serait la partie de la vie quotidienne dans les maisons closes, notamment lorsque Violet fait son éducation grâce à une autre concubine qui lui explique les règles et lui raconte les choses. Bien sur c’est intéressant, on voit bien comment cette vie était codifiée, et on imagine le désarroi de ces jeunes filles qui étaient enfermées dans un système qui laissait peu de chance de s’en sortir. Amy Tan le raconte sans forcer sur l’aspect dur de cette vie, et je dois avouer que c’est quelque chose qui m’a un peu mise mal à l’aise. J’aurais presque préféré avoir un texte plus dur, parce qu’on l’impression que cette vie avait quelques chose de « glamour » et cette perception des choses ne me satisfait pas. Toutefois, je dois dire que c’est vraiment un ressenti personnel.

Ce roman d’Amy Tan intéressera sans doute les lectrices qui aiment les fresques romanesques et les grandes histoires féminines. On rencontre dans ce livre un personnage émouvant et fort à la fois, ce qui est un équilibre très réussi et très rare à trouver. Le livre présente une grande richesse et nous plonge véritablement dans une époque aux accents exotiques.

2 réflexions sur “Belles de Shanghai, roman d’Amy Tan

    • Alivreouvert dit :

      Très bonne lecture alors ! Dans ma pile de livres à lire, j’ai Le Joy Luck Club, roman de la même auteure qui vient de sortir en poche en France. Je pense le lire cet été, quand j’aurais un peu de temps.

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