Dans l’ombre de Mary : les secrets de Mary Poppins dévoilés

Disney

Lorsque le film Dans l’ombre de Mary est sorti au cinéma, j’ai hésité entre deux sentiments. D’abord la curiosité de voir une biographie consacrée à la romancière à qui on doit la formidable nanny. Ensuite une certaine suspicion à l’égard de Disney car je me demandais pourquoi c’étaient eux qui racontaient cette histoire. Le film allait-il être objectif ? Ou serait-ce simplement une fiction à la gloire du génie de Walt Disney ? Finalement mon tourment intérieur fut résolu de lui-même car je n’ai pas eu le temps d’aller voir ce film en salle. Après avoir vu le film sur télévision, je me dis que c’est dommage et que je suis passée à côté de quelque chose. Car ce film est beaucoup de chose : une biographie, un making-of, le portrait d’une relation étrange entre deux personnalités hors du commun… Mais surtout c’est un hymne aux belles histoires. Et ça n’est pas rien dans le monde cynique dans lequel nous vivons.

Nous sommes à la fin des années 1950. Walt Disney est l’un des rois de Hollywood, l’un des hommes les plus puissants et les plus riches des Etats-Unis. Le succès de sa petite souris a permis de bâtir un véritable empire. Et pourtant, cet homme avenant et même un brin extravagant se heurte encore à une personne : la romancière anglaise Pamela Travers qui a écrit la collection de romans pour enfants mettant en scène Mary Poppins, une gentille nanny aux pouvoirs extraordinaires. Mais si la nanny est gentille, la romancière a tout du dragon. Elle déteste les films de Disney en particulier et tous les dessins animés en règle général, elle est très irritable, ne sourit jamais, a beaucoup de mal à parler aux gens… Depuis plus de dix ans, Disney essaye de la faire signer un accord de cession de droits pour autoriser la production d’un film tiré des aventures de Mary Poppins. En vain. Il arrive finalement à la convaincre de venir le voir à Los Angeles pour visiter les studios et rencontrer l’équipe de production. Mais la visite de Pamela va relever du défi diplomatique : elle ne veut pas de rouge, pas de séquence animée, pas trop de joie de vivre (sic), les musiques ne lui plaisent pas et elle prend Walt Disney pour un illuminé qui ne s’intéresse qu’à l’argent. Avec autant de réticences de la part de l’auteure, une question se pose : Disney pourra-t-il réaliser une adaptation de Mary Poppins ?

La réponse à cette question, nous la connaissons tous. Mais la vie de Pamela Travers (et même son nom) est inconnue de la plupart des lecteurs et spectateurs français. Vient un moment dans le film où on se demande si Disney n’a pas fini par la jeter sous les roues d’une voiture pour s’en débarrasser ! Mais non, l’histoire suit son cours pour arriver à sa résolution, et malgré certains détails prévisibles, beaucoup d’autres choses demeurent des surprises presque jusqu’au bout.

L’histoire de ce film, c’est donc essentiellement de raconter comment l’adaptation de Mary Poppins a relevé du parcours du combattant à cause des difficultés posées par Pamela Travers. Mais c’est aussi le prétexte pour aborder de façon plus profonde la vie de Pamela et les sources d’inspiration de son œuvre, à commencer par son enfance en Australie et ses rapports avec son père adoré. Dans un deuxième temps, le film permet aussi de dresser un portrait plus personnel de Walt Disney lui-même. Car derrière l’homme à la moustache, il n’y avait pas qu’un formidable homme d’affaires. Se cachait aussi un homme amoureux des belles histoires, animé par une promesse faite à ses filles quand elles étaient petites : qu’il ferait un jour un film pour elles à partir des aventures de Mary Poppins.

Au fil des flashbacks, on découvre l’enfance de Pamela en Australie, et on comprend petit à petit tout ce qu’il peut y avoir d’autobiographique dans ses livres derrière le verni enchanté du monde de Disney. Et le voyage est d’autant plus passionnant que ses livres sont très peu connus en France (moi-même je n’en ai jamais lu aucun). Je pense que beaucoup de personnes n’ont même pas connaissance du fait que le film est tiré d’une série de livres. Comme si les films Harry Potter n’avaient rien à voir avec la littérature ! Du coup, c’est une partie du processus de création et d’inspiration qui nous est révélé car des liens très clairs sont établis entre la vie de l’auteure et les choses qu’on retrouve dans Mary Poppins, à commencer par le personnage du père.

De son côté, Walt Disney, même s’il n’est pas le sujet du film, fait l’objet d’un portrait en miroir puisqu’on comprend au fur et à mesure qu’il a lui aussi vécu une enfance difficile, et que construire des mondes imaginaires fut sa manière à lui de lutter contre la dureté du monde. En le montrant comme un homme attaché aux histoires et pas comme un pilleur de classiques, le film offre le portrait tout en subtilité de cet homme rempli d’enthousiasme, d’optimisme et d’énergie.

L’essentiel du charme de ce film repose d’ailleurs sur la performance de ses deux acteurs principaux. Et là je suis bien obligée de dire que le casting fonctionne à merveille. C’est Emma Thompson qui joue l’acariâtre Pamela Travers et il semble qu’elle s’en soit donné à cœur joie car elle vraiment atroce dans ce film ! Au point que dans plusieurs scènes on pourrait tout à fait la détester si elle ne nous faisait pas rire à force d’être toujours si méchante avec l’équipe de production. Le passage sur les chansons est à mourir de rire d’ailleurs ! Walt Disney est quant à lui incarné parle charme tranquille de Tom Hanks… et on peut difficilement faire mieux. Si le rôle avait été tenu par un autre acteur, le spectateur aurait peut-être perçu Disney au départ comme un homme d’affaires et rien d’autre. Mais avoir choisi un comédien aussi chaleureux et sympathique que Tom Hanks fait qu’on a tout de suite beaucoup de bienveillance à son égard, et cela permet très vite de voir qu’il y a autre chose en lui qu’un monsieur-tiroir-caisse. Le duo fonctionne à merveille et ça fait des étincelles à chaque scène où ils sont tous les deux. J’ai particulièrement apprécié la scène où Disney veut faire plaisir à Pamela et l’emmène pour visiter son parc. Lui retombe en enfance et veut absolument faire un tour de manège, mais cette mégère non-apprivoisée est rebutée par la simple vue des enfants ! On regretterait presque qu’il ne s’agisse pas d’une comédie romantique !

Ce film est une grande réussite : c’est drôle, c’est passionnant, c’est bien fait, c’est émouvant… et je vous mets au défi de ne pas avoir une larme à l’œil en voyant des extraits du « vrai film » passer à l’écran à la fin ! J’en suis ressortie avec l’envie irrépressible de revoir Mary Poppins tellement ce film m’a émerveillée. Il rend hommage à un film qui a été un tournant pour Disney, et pourtant il ne cherche pas à embellir les choses. Loin d’être une success story, l’adaptation de ce roman a été un chemin de croix, et c’est quasiment miraculeux qu’ils y soient arrivé !

Le film est aussi un beau regard jeté dans le rétroviseur. Car ce film parle beaucoup de Disney en tant qu’entreprise. Cette machine à faire rêver n’est par qu’une entreprise qui brasse des millions de dollars :  c’est également un centre d’archives à ciel ouvert. Ces gens-là sont les dépositaires de formidables histoires venues de nombreuses traditions partout à travers le monde. Ils gardent un héritage précieux et permettent de faire connaître les histoires aux nouvelles générations. Et leur métier est précisément de continuer à faire vivre la part de merveilleux qui habite notre monde. Bien sûr, il y a peut de chances pour que votre marraine la bonne fée apparaisse un soir à votre porte pour changer votre vie d’un coup de baguette magique, mais c’est tout de même beau d’y croire !

8 réflexions sur “Dans l’ombre de Mary : les secrets de Mary Poppins dévoilés

  1. juneandcie dit :

    Je me demande si l’interprétation de Tom Hanks, car même si cela était probablement du à son enfance difficile, le monsieur est quand même connu pour son caractère perfectionniste et un peu autoritaire. J’avoue que mes sentiments sont un peu mitigés par rapport à Disney: j’admire profondément son oeuvre et tout ce qu’il a bâti, sa capacité à construire des mondes imaginaires et à les faire vivre, mais ce côté parfois dur de son caractère me refroidit un tantinet. Quant à Pamela Travers on se demande parfois comment une femme aussi dure, a-pu-inventer un personnage aussi merveilleux que Mary Poppins. Sa vie d’ailleurs restera un mystère, car selon certains documentaires, elle n’a jamais dit toute la vérité.

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      • juneandcie dit :

        Si ça t’intéresse, jettes un oeil sur mon article « A la poursuite de Mary Poppins » il y a dedans les liens vers un documentaire très intéressant et intriguant sur elle. Il semble même qu’à une période de sa vie, elle ait adopté une fausse identité.

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