Loin de la foule déchaînée, le film

Foule-dechaineeIl y a plusieurs livres dont on peut facilement dire qu’ils sont des monuments de la littérature britannique. Loin de la foule déchaînée, écrit par Thomas Hardy, en fait partie. Lors de mes études littéraires, je l’ai approché sans jamais le lire. Et c’était resté comme un regret. Du coup, quand l’adaptation au cinéma est sortie à la fin de l’année dernière, j’avais des doutes : devais-je la voir ou pas ? Ne devais-je pas attendre de lire enfin le livre ? Finalement, j’ai récemment vu le film, et voici ce que j’en ai pensé.

Nous sommes en pleine Angleterre victorienne, avec tout ce que cela implique de rigidité sociale et de système de castes. Gabriel Oak est un fermier simple mais qui possède sa propre ferme et son propre troupeau de moutons. Il croise le chemin de Bathsheba Everdene, la nièce d’une de ses voisines. La jeune fille est intelligente, vive, charmante et pleine de joie de vivre. Arrive ce qui doit arriver : il tombe amoureux d’elle et la demande en mariage. Mais la jeune fille refuse car elle se considère comme un esprit libre et ne pense pas convenir comme épouse. Autre problème de taille : cette orpheline sans fortune n’est pas digne d’un tel homme. Une nuit, le fermier perd tout son troupeau qui tombe du haut d’une falaise. Désormais ruiné, il perd sa ferme et quitte le village pour aller chercher du travail ailleurs. Dans le même temps, Bathsheba reçoit une lettre : son oncle est mort et lui laisse toute sa fortune ainsi qu’une riche ferme des environs grâce à laquelle elle ne manquera plus jamais de rien et acquiert un statut social plus élevé. Là-bas, elle retrouve par hasard Gabriel qui vient en aide à la ferme lorsqu’un incendie se déclare et menace de tout détruire. Elle l’engage alors comme berger pour sa ferme. Et si les sentiments semblent être présents entre les deux, toute relation est désormais impossible du fait de leur différence de rang. Les choses se compliquent encore quand le riche voisin de Bathsheba tombe amoureux d’elle… pourtant, c’est du sergent Troy, un militaire de passage, qu’elle-même tombe amoureuse.

C’est un résumé extrêmement long, et encore, je n’ai pas tout mis ! Il faut dire que les détails ne manquent pas dans ce film. N’ayant pas lu le roman, je ne juge ici que le film et pas vraiment l’adaptation, mais je paris que cette adaptation est très fidèle au livre vu le nombre de détails narratifs encombrants que le spectateur doit subir pendant le film. Car oui, autant dire les choses tout de suite, je n’ai pas du tout aimé ce film.

Déjà, la réalisation ne m’a pas emballée. Elle est morne, terne, plate, sans rythme… tout ce qu’on veut mais on ne ressent aucune émotion. Même la musique a l’air de s’ennuyer ! Les plans manquent tous de chaleur, on ne ressent aucune tension dramatique, aucune tension amoureuse, et d’une manière générale l’intimité entre Gabriel et Bathsheba est inexistante. Ce qui est quand même un souci parce que ça casse beaucoup la crédibilité de leur histoire d’amour.

Ensuite, l’histoire ne m’a pas du tout touchée. Cet ensemble d’amoureux n’a pas beaucoup de saveurs. Le seul personnage pour lequel j’ai réussi à m’enthousiasmer est celui du voisin riche, William Boldwood, qui a une destinée vraiment tragique. Ce personnage m’a beaucoup émue, mais les autres ressemblaient beaucoup trop à des clichés pour moi, la palme revenant indéniablement au sergent Troy qui est une véritable tête à claques sans le moindre charme. D’une manière générale, je n’arrêtais pas de me demander comment le personnage de Bathsheba pouvait faire preuve d’un tel manque de lucidité et se précipiter à chaque fois dans les pires choix ! Si on peut légitimement comprendre que l’histoire d’amour avec Gabriel soit impossible à cause de leur différence de rang, comment expliquer raisonnablement qu’elle se précipite dans les bras de Troy et pas de Boldwood ? Pour ce qui est de l’esprit libre, on repassera !

Cette histoire m’a donc laissé le sentiment d’une énorme déception. Ce qui m’a peut-être le plus marqué, c’est que le film ne parle jamais de sentiments. Les personnages ne parlent pas de leurs sentiments. On parle du mariage, mais jamais d’amour, et c’est une chose qui m’a beaucoup déstabilisée. En tant que française, je suis habituée aux livres qui abordent la question des sentiments et des passions amoureuses de façon directe. Et même dans la littérature anglaise, on trouve beaucoup d’œuvres qui sont capables de parler de la dualité des sentiments amoureux (il suffit de relire le remarquable Jane Eyre pour s’en convaincre). Mais là, rien : encéphalogramme plat.

Paradoxalement, ce film m’a donné très envie de lire le roman, histoire de voir si le problème vient vraiment du livre ou pas. Je me dis que des générations de lecteurs de par le monde n’ont pas pu se tromper à ce point et qu’il y a forcément quelque chose dans ce livre à côté duquel je suis passée en regardant le film. En tout cas, j’espère !

10 réflexions sur “Loin de la foule déchaînée, le film

  1. mrsturner dit :

    Comme quoi on a tous des avis différents ! J’ai bien aimé le film aussi, bon ce n’était pas un coup de coeur non plus, mais j’ai tout de même passé un bon moment, malgré quelques lenteurs.

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  2. Petite Plume dit :

    J’ai lu le roman récemment, et à ce que tu dis du film, ça me semble pour le coup assez fidèle au livre ! En tout cas, c’est sûr pour le côté un peu froid et le manque d’intimité entre les personnages ! J’ai assez bien aimé le roman, mais c’est vrai qu’il est assez particulier et souffre de quelques longueurs ! J’ai aussi eu du mal avec le personnage de Batscheba. Je crois que je verrai le film pour comparer.

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    • Alivreouvert dit :

      Merci beaucoup pour ton commentaire : je me sens moins seule sur ce coup-là ! Pourtant l’histoire est intéressante, mais je pense que j’ai lu trop de romans dans cette période historique avec des personnages un peu comparables. Du coup, je suis devenue plus difficile !

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