Visite du musée Rimbaud à Charleville-Mézières

CharlevilleBonjour à tous !

En ce samedi froid et morne, j’ai décidé de vous parler du musée Rimbaud. Quel est le rapport entre les deux, me demanderez-vous ? Eh bien, pour les rimbaldiens confirmés, le lien est un peu évident, mais pour les autres, c’est vrai que ce n’est pas évident ! Rimbaud est originaire de cette petite ville au milieu des Ardennes… et il l’a toujours détesté ! Il est allé jusqu’au Yémen pour fuir sa petite ville. Mort à Marseilles, il a malheureusement été ramené par sa mère et sa sœur dans sa ville natale pour y être enterré. Dur ! Lors d’un été passé dans sa ville, il compose un recueil de poèmes au titre plus qu’évocateur : Une Saison en Enfer. Je vous laisse apprécier…

Bien que Charleville-Mézières ne manque a priori pas de charme, Rimbaud a détesté très jeune la mentalité des habitants, trop étriquée à son goût. Pour un jeune homme épris de liberté, la vie bohème parisienne représentait plus d’attrait ! Il quitte donc très jeune son foyer pour « monter à la capitale », avec par la suite le succès et les déboires que l’on sait. Ce qu’il est important de souligner, c’est que Rimbaud a finalement écrit pendant assez peu de temps. En seulement quelques années, il a forgé son œuvre en allant de plus en plus vers l’avant-garde. Inventant presque malgré lui la poésie moderne, ce chercheur de l’intime va trouver en lui le don de dépouiller la langue écrite pour ne laisser que l’émotion. C’est ce que j’aime chez lui. Ça et son indocilité légendaire ! Bien avant James Dean, il a été l’esprit de l’adolescence, « Ses pieds nus posés sur les têtes de l’Envie » comme l’écrire Verleine.

Pendant ce peu d’années où Rimbaud écrit, il écrit à plusieurs reprises à Charleville-Mézières. D’abord quand il est jeune, avant de quitter la ville pour se rendre à Paris. Mais aussi, et plus important encore, lors de son bref séjour de retour. Il y écrit l’intégralité du recueil Une Saison en Enfer, qui restera à tout jamais l’un des livres de poésie de langue française les plus célèbres (et les plus célébrés) au monde. En toute objectivité, et malgré son désamour notoire pour la ville de son enfance, Rimbaud reste donc très associé à Charleville-Mézières, et cela méritait bien un musée !

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Le musée Rimbaud qui existe ne se situe pas dans la maison de son enfance, mais dans un moulin. Oui, un moulin ! Mais ne vous inquiétez pas, les notables de la ville n’ont pas relégué leur trésor local dans un boui-boui infâme. Bien au contraire, c’est un superbe bâtiment du début du XVIIe siècle qui abrite désormais les collections. Situé sur un quai Arthur Rimbaud, il toise dignement la Meuse qui passe par là. Réouvert en 2015 après deux années de chantier, le musée invite le bibliophile à suivre la trace de jeune homme aux semelles de vent : lettres manuscrites, photographies, souvenirs divers, mais aussi des éditions originales de ses œuvres et quelques manuscrits, dont le plus précieux est indéniablement le manuscrit du célèbrissime poème Voyelles.

Si vous voulez poursuivre la balade, vous pouvez quitter le musée et longer un peu le quai Arthur Rimbaud pour vous rendre à la Maison des Ailleurs. Dédiée à l’itinéraire géographique et artistique du poète, cette maison au superbe nom est à elle seule un point de repère primordial : c’est là que Rimbaud est né. Sachez enfin que c’est donc à Charleville-Mézières que Rimbaud est inhumé. Mais, même si c’est dans cette petite ville des Ardennes que le poète a vu le jour, ce n’est pas là que sa légende s’est forgée. Et si on veut retrouver ses empreintes les plus profondes, c’est quelque part entre les rues de Paris et les déserts du Yémen qu’il faut aller…

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