Miss Fisher enquête… pour notre plus grand plaisir !

miss_FISHERToujours à l’affût de nouvelles séries policières pour lesquelles m’enthousiasmer, j’ai récemment succombé à la nouvelle série du dimanche soir présentée par France 3 : Miss Fisher enquête. L’avez-vous vue ? Si ce n’est pas le cas, voici quelques arguments pour vous laisser tenter par les livres ou les épisodes en DVD.

Le renouveau d’un genre

Ça fait maintenant deux siècles que les romans policiers existent, et n’importe quel lecteur ou téléspectateur pourrait légitimement se demander ce qu’il reste à inventer dans ce genre. Je croyais avoir déjà tout vu, mais avec cette miss Fisher, je dois bien avouer que je ne suis pas déçue. Tout d’abord, les femmes détectives ne sont pas légion. On songe bien sûr à miss Marple, mais les héritières ne sont pas nombreuses et elles ont rarement marqué les esprits. Notre héroïne vit dans les années folles en Australie : déjà ça commence bien ! Fille de bonne famille, particulièrement riche, elle aurait pu choisir une vie oisive ou bien se marier… elle préfère jouer les femmes fatales et mettre à l’épreuve ses talents de détective amateur.

Évidemment, cette posture plus que féministe apporte un charme certain à ce personnage attachant. Cela permet aussi d’apporter un peu de souffle au genre du roman policier. Car cette fois, tout oppose notre protagoniste aux forces de l’ordre (incarnées dans les histoires par l’inspecteur Jack Robinson, un homme très bien sous tous rapports si ce n’est que sa patience est souvent mise à rude épreuve). On peut donc dire de Kerry Greenwood, l’auteure des livres dont sont tirées ces aventures télévisuelles, a eu la main heureuse lorsqu’elle a écrit cette demoiselle aventurière.

Les personnages secondaires ont leurs propres histoires

C’est vrai dans les livres mais surtout dans les séries télévisées : pour que des histoires policières fonctionnent sur le long terme, il faut donner un peu de densité à l’ensemble. Et pour cela, rien de mieux que des personnages secondaires sympathiques en arrière plan. Avec miss Fisher, nous ne sommes pas déçus par la galerie proposée : la femme de chambre catholique est éprise d’un policier protestant et tous deux ont du mal à déclarer leurs sentiments ; l’inspecteur de police est un homme respectable mais on sent bien que miss Fisher ne le laisse pas indifférent, malheureusement il est déjà marié ; les deux acolytes de miss Ficher sont des enquêteurs de terrain qui partagent une voiture et qui se retrouvent souvent dans des situations délicates ; il y a un maître d’hôtel ; il y a une tante acariâtre (longue tradition littéraire anglaise !) ; on retrouve même une orpheline adoptée par miss Fisher.

Bref avec tout ça, il y a de quoi faire. Et chaque épisode nous donne à voir un peu des instants de vie de ces personnages. La méthode est éprouvée et ça marche car ces moments souvent plus touchants et/ou comiques rythment bien les intrigues tout en accentuant l’aspect humain de l’aventure. Si vous étiez des fidèles de la série des Mystères de Murdoch, vous savez de quoi je parle.

Les intrigues sont bonnes

Ça semble évident, et pourtant la qualité des intrigues n’est pas toujours au rendez-vous dans les séries policières. Les quelques courageux qui ont essayé de donner sa chance à la récente série de TF1 avec Jean Reno ont certainement encore en travers de la gorge ces histoires dans lesquelles ont ne sait pas qui est coupable à la fin. Un comble ! Toute bonne histoire policière passe par la résolution d’un mystère. C’est classique et un peu facile, mais c’est comme ça. C’est le contrat passé entre le lecteur et l’auteur.

Dans cette excellente série, on voit bien qu’il s’agit d’une adaptation de romans car les intrigues sont plutôt bien ficelées. A chaque fois, le décor est bien planté, les personnages bien définis, et on envisage plusieurs fausses pistes avant de découvrir la vérité. Chaque épisode ménage des rebondissements, et le tout est mené à un rythme plaisant. Pas trop vite : on a le temps de profiter de l’atmosphère des années folles et des personnages de chaque histoire. Pas trop lentement : on ne s’ennuie pas et on découvre ponctuellement de nouveaux indices. La variété des histoires est aussi un bon point : d’un épisode à l’autre, on plonge à chaque fois dans un nouvel univers.

Les années folles : un très bon choix

Je remarque que les années folles sont une période idéale pour planter le décor, aussi bien pour les livres que pour une série. A la télévision, on profite des costumes magnifiques, des décors d’époque… tout en ayant déjà des repères du monde moderne qui est en train de se construire. La modernité est d’ailleurs à l’honneur puisque que miss Fisher a sa propre voiture, utilise le téléphone et l’électricité. Ce carrefour historique est peu prisé des auteurs, et c’est bien dommage. Sophie Kinsella avait eu l’idée de s’en servir en toile de fond pour son excellent roman Très Chère Sadie, mais je ne vois pas beaucoup plus d’exemples… à part bien sûrs la série de livres Jeeves de l’impeccable Woodhouse.

Dans la série, l’atmosphère des années folles est très bien retranscrite. En tout cas, c’est ce qu’on s’attend à trouver. Un retrouve l’énergie, la légèreté, la musique jazz, les clubs de l’époque, les coupes de champagne… Tout cela permet d’accentuer la vitalité des épisodes et du personnage principal, qui est plus qu’à l’aise dans ce monde fascinant. Et cela participe efficacement au rythme des intrigues.

L’amour est dans l’air

Les fleurs bleues l’auront remarqué, les enquêtes de miss Fisher font aussi la part belle au romantisme. Dans cette série, nous avons droit à deux histoires parallèles qui, bien qu’elles passent au second plan, ne sont pas sans intérêt. Tout d’abord, nous suivons l’histoire entre Dot, la femme de chambre de miss Fisher, et un jeune officier de police, qui n’est autre que le bras droit de l’inspecteur. Nos deux jeunes tourtereaux sont bien gentils, mais pas forcément très dégourdis. L’une est catholique, l’autre est protestant, ce qui apporte au départ une certaine hésitation quand au devenir de leur histoire. Heureusement, les coups de pouce du destin (et de miss Fisher) vont faire avancer leur idylle.

Dans le même temps, mais de façon beaucoup plus subtile, on nous fait entre-apercevoir une possible histoire romantique entre miss Fisher et l’inspecteur Jack Robinson. Dès le départ, les intrigues mettent l’accent sur la confrontation entre les deux personnages car aucun ne veut partager son enquête avec l’autre. Par la suite, cet antagonisme se transforme en connivence et une certaine routine se met en place au fil des épisodes, avec entre autre des dialogues savoureux entre les deux personnages. On apprend au passage que l’inspecteur est déjà marié, qu’il n’a pas d’enfant, et que depuis son retour de la guerre, son mariage n’est pas au beau fixe. Sa femme est partie vivre chez sa sœur, ce qui laisse la porte ouverte…

miss

L’avantage de ces deux histoires, c’est qu’elles coupent un peu le rythme des intrigues et permettent de relâcher la tension pour du drame. Ce qui permet de mieux relancer les coups de théâtre. De plus, ces deux fils rouges permettent de créer une cohérence entre les différents épisodes. Cela donne aussi une intrigue au sens plus large. Mais ne nous emballons pas ! Si l’histoire de Dot et de son officier risque d’avancer rapidement, l’auteur aura certainement l’idée de laisser planer le doute le plus longtemps possible sur la vie amoureuse de miss Fisher. A cela trois raisons : d’abord le personnage est celui d’une femme libre et sans attaches ; ensuite, la vie amoureuse de miss Fisher est l’un des ressorts des histoires (elle rencontre souvent des hommes sur son chemin) ; et surtout, depuis la série Clair de Lune, tous les auteurs de romans et scénaristes de télévision savent bien que le meilleur moyen de tuer une série policière est de mettre ses deux personnages principaux ensemble ! Car une fois l’histoire d’amour résolue, de quoi parle-t-on ?

En résumé, cette série australienne très efficace bénéficie de nombreux arguments de poids pour nous faire passer un bon moment. L’un des meilleurs, que je n’ai pas encore abordé, tenant sans aucun doute dans la qualité d’interprétation de son actrice principale. Très expressive, elle donne à voir toutes les facettes de notre héroïne et sait tout à la fois la rendre attirante, drôle, touchante, intimidante…

Du coup, j’ai ajouté les romans à ma liste de lectures, et je compte bien emporter le premier tome dans ma valise cet été. Juste pour info, les romans de Kerry Greenwood étaient précédemment édités en France chez 10/18. Mais la maison d’édition (dans un manque passager et néanmoins total de lucidité) n’a pas continué l’édition des livres. Vous pourrez toutefois les trouver d’occasion. La bonne nouvelle, c’est que la chaîne australienne qui produit la série a déjà signé pour une deuxième saison. Le tournage a débuté en février 2013. Vivement que les 13 épisodes supplémentaires arrivent en France !

Et vous, avez-vous regardé la série ? Vous avez aimé ?

8 réflexions sur “Miss Fisher enquête… pour notre plus grand plaisir !

  1. Léa Robin dit :

    Moi, j’adore miss Fisher et quand j’ai su un jour que c’était le dernier épisode, j’étais triste mais vivement les phochains épisodes pour savoir si Jack va enfin aimé Phrany.

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